Le caméléon des lettres belges

José-André Lacour, né le 27 octobre 1919 à Gilly près de Charleroi en Belgique et mort le 13 novembre 2005 à Paris, est un romancier, dramaturge, traducteur, scénariste et réalisateur belge qui a su le, sur son passeport comme dans son écriture, ainsi qu’en témoigne Le rire de Caïn, sa dernière œuvre aujourd’hui rééditée à Paris par les Éditions de La Table Ronde.

En voici le pitch :

« 1939. Tandis que d’un continent à l’autre les nations se préparent une nouvelle fois à la guerre, quelque part du côté de Namur, le rire de Caïn éclate au sein d’une famille où les passions se consument jusqu’au bout. C’est l’histoire de la famille van Dyke, de l’ère insouciante des jazz-bands à la sombre saison des bruits de canon. Netta préférerait distribuer la même affection à ses fils Teddy et Rocky, mais c’est impossible.

Vingt ans plus tôt, son mari l’a abandonnée en enlevant Rocky, le cadet, sur qui se concentre tout son amour. Teddy a-t-il d’autre choix que de supprimer jusqu’au souvenir de son frère pour reconquérir sa mère ? »

Et en voici le résumé :

« A dix-huit ans, Teddy fait la connaissance de son frère Rocky enlevé par le père dès sa plus tendre enfance.

Soudés et repoussés par cette complicité sanguine, les deux garçons ne sauront jamais, dans le face-à-face, qu’ils vont s’étreindre ou se tuer, car entre eux, il y a les femmes, Carole, le bonbon rose, Rebecca, la juive suppliciée et surtout Netta, la mère, qui préfère le cadet perdu et retrouvé, le blond Rocky au sourire cruel.

Teddy le mal-aimé, le maladroit arrivera-t-il jamais devant cet ange du mal qu’est son frère, surgi d’une brisure de l’enfance, à déposer les armes ?[1] »

Il s’agit d’un grand chef-d’œuvre de la littérature belge.

Mais connaissez-vous José-André Lacour ?

Probablement pas…

Aussi ne saurions-nous trop vous recommander de visiter l’exposition que lui consacre à Bruxelles la Maison du Livre[2] pour commémorer le centenaire de la naissance de l’auteur, notamment, parmi une liste impressionnante, de La mort en ce jardin, L’année du bac, Panique en Occident, Opéra conjugal

Il rédigea aussi, sous divers pseudonymes, d’innombrables et parfois improbables livres « de genre » : romans d’aventures, érotiques, fantastiques, polars, westerns…

José-André Lacour a été dramaturge, scénariste, traducteur. Il a adapté Ouragan sur le Caine, prêta sa plume à Maurice Druon, partagea un pseudonyme avec Jean-Claude Carrière…

Si la Nouvelle Vague au cinéma a renvoyé nombre de réalisateurs dans un purgatoire dont beaucoup ne sont pas encore revenus, les ukases des tenants du Nouveau roman – qui fort heureusement n’intéresse plus personne désormais… – ont éclipsé toute une génération d’auteurs, parmi lesquels José-André Lacour, dont le tort rédhibitoire était sans doute l’ambition, devenue désuète aux yeux de ces censeurs oubliés, de (bien) raconter des histoires.

En définitive, José-André Lacour fut de ces littérateurs inlassables, modestes et touche-à-tout.

Serait-il le symbole de toute une littérature belge engloutie ?

L’exposition qui lui est consacrée est visible à la Maison du Livre du 7 novembre au 13 décembre, le mardi de 14 h à 17 h, du mercredi au vendredi de 14 h à 18 h et le samedi de 10 h à 13 h.

Soirée de vernissage : jeudi 7 novembre de 18 h 30 à 21 h

Introduction par Jacques DE DECKER, Secrétaire perpétuel de l’Académie Royale de langue et de littérature françaises de Belgique.

Lectures d’extraits par Anne LACOUR, fille de José-André Lacour.

Témoignage de France CAMBIER, romaniste et auteure d’un mémoire sur l’œuvre de José-André Lacour.

Quelle place pour José-André Lacour dans la littérature belge ?

(Mardi 19 novembre à 19 heures)

Rencontre avec :

José-Louis BOCQUET, écrivain, scénariste, éditeur et petit-fils de José-André Lacour ;

Jacques DE DECKER, Secrétaire perpétuel de l’Académie Royale de langue et de littérature françaises de Belgique ;

Jean-Baptiste BARONIAN, romancier, essayiste, critique et éditeur, membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique et

François RIVIÈRE, journaliste, écrivain et éditeur.

Animation : Laurence BOUDART, directrice des Archives et Musée de la Littérature.

Entrée libre

À l’occasion de l’exposition et des rencontres, la Maison du Livre propose, avec le concours de la Maison de la Poésie d’Amay, de l’asbl Indication et de la Collection Air Libre chez Dupuis, José-André Lacour, le caméléon des Lettres belges, une plaquette incluant deux nouvelles inédites de José-André Lacour, accompagnées d’une notice biographique richement illustrée et d’une introduction de Jacques De Decker, avec un dessin original de Catel en couverture.

En vente uniquement au sein de l’exposition [3].

PÉTRONE

Le rire de Caïn par José-André Lacour, Paris, Éditions de La Table Ronde, collection « La petite vermillon », octobre 2019, 621 pp. en quadrichromie au format 11 x 18 cm sous couverture brochée en couleurs, 10,50 € (prix France)

José-André Lacour, le caméléon des Lettres belges, Bruxelles, La Maison du Livre, 52 pp. en quadrichromie, 7 €

BIOGRAPHIE DE JOSÉ-ANDRÉ LACOUR

D’origine belge, José-André Lacour est né à Gilly, faubourg de Charleroi. Après des études à l’université de Bruxelles, il publie un premier roman en Belgique, Panique en Occident (sur le thème de l’Occupation) puis en 1949 chez Julliard : Châtiment des victimes.

Il publie en 1954 le roman policier La Mort en ce jardin, adapté au cinéma sous le même titre en 1956 par Luis Buñuel sur des dialogues de Raymond Queneau.

Il se fait connaître comme dramaturge : certaines de ses pièces ont remporté un grand succès, notamment Notre peau, avec Daniel Gélin, dans une mise en scène de Michel Vitold.

L’Année du bac, pièce sur le conflit des générations, a été créée à Paris en 1958, avec René Lefèvre, Sami Frey et Jacques Perrin, dans une mise en scène d’Yves Robert. Cette pièce sera traduite en une douzaine de langues et jouée plus de 2 500 fois à travers le monde.

Il a adapté au théâtre Ouragan sur le Caine, d’après Herman Wouk.

Il meurt d’un arrêt cardiaque, le 13 novembre 2005, à l’âge de 86 ans.

Pseudonymes littéraires

José-André Lacour signe ses œuvres sous plusieurs pseudonymes :

– Benjamin Rochefort,

– Connie O’Hara,

– Sarah Lee,

– Johnny Sopper,

– Henry Langon.

En collaboration avec Stéphane Jourat, Guy Bechtel, Christiane Rochefort et Jean-Claude Carrière, sous les pseudonymes collectifs suivants :

– Benoît Becker (roman d’aventures, thriller),

– Christopher Stork (roman de science-fiction)

– Marc Avril. Sous ce dernier pseudonyme, il publie pour l’essentiel des romans d’espionnage qui ont pour héros l’agent secret Marc Avril.

Carrière dans le cinéma

En 1964, José-André Lacour, en collaboration avec Maurice Delbez, réalisé et signe le scénario de l’adaptation au cinéma de sa propre pièce sous le titre L’Année du bac.

Comme scénariste, il adapte, en 1951, sa pièce Notre peau pour le film Le Cap de l’espérance, réalisé par Raymond Bernard.

Il signe aussi, en collaboration avec Henri-Georges Clouzot et Jean Ferry, le scénario du film inachevé L’Enfer de Clouzot, avec Romy Schneider et Serge Reggiani. Il écrira trente ans plus tard des dialogues additionnels pour le remake réalisé en 1994 par Claude Chabrol sous le titre L’Enfer.

Œuvres

Romans

Panique en Occident (1941)[4]

Châtiment des victimes (1949)

Le temps est un joueur avide (1951)

La Mort en ce jardin (1954)

Confession interdite (1955)

Venise en octobre (1958)

– Le Zoiseau ivre (1977)

Opéra conjugal (1978)

Le Rire de Caïn (1980)

Théâtre publié

Notre peau, mélodrame en 3 actes (1950), en collaboration avec Jean-José Lacour

L’Année du bac, drame (1958)

Mascarin (1959)

Le Dixième homme, pièce en deux actes de Paddy Chayefsky ; adaptation française de José-André Lacour (1961)

Ô mes aïeux ! (1970)

Recueil de nouvelles

Vous m’inquiétez, Lord Scones ! (1966)

Nouvelle

Ton vieux jazz, Papa (1999)

Romans signés Benoît Becker

Parus au Fleuve noir, dans la collection « Angoisse »

Expédition épouvante (1954)

Laisse toute espérance (1955)

Le Chien des ténèbres (1955)

Terreur (1955)

Château du trépas (1956)

Le Souffle coupé (1958)

Romans signés Marc Avril

Série Marc Avril

Parus au Fleuve noir, dans la collection « Espionnage »

Puisqu’il faut l’appeler par son nom… (1970)

Astres et Désastres (1970)

Le Petit Train du Vatican (1971)

Laser et Othello (1972)

Avril en Patagonie (1972)

Parfum d’Avril (1972)

Ravisseurs et Ravissantes (1973)

Avril sur orbite (1973)

Avrillico presto (1974)

Radio Avril (1974)

Avril et l’Emmerderesse (1974)

Avril, Délices et Orgues (1975)

Avril et le Diable (1975)

Avril et l’Année sainte (1975)

Faites l’Avril, pas la guerre (1976)

Le Carnaval d’Avril (1976)

Rival d’Avril (1976)

Image de Marc (1977)

Avril joue la dame (1977)

Avril au pouvoir (1977)

Requiem d’Avril (1977)

Avril et les Onze Mille Vierges (1978)

Étrenne d’Avril (1978)

Avril à l’asile (1978)

Bondieu d’Avril (1979)

Secte d’Avril (1979)

Après Marx, Marc (1980)

Avril et les Pêcheurs de perles (1980)

Avril et les Ectoplasmes (1980)

Avril et le Nouvel Ordre des assassins (1981)

Avril chasse l’aigle à quatre têtes (1981)

Avril et la Petite Fille modèle (1981)

Avril en trompe-l’œil (1982)

Le Phantasme d’Avril (1982)

Pour dames seules (1982)

Le Moi d’Avril (1983)

Les Nouvelles Étrennes d’Avril (1983)

Avril au pays des merveilles (1983)

Une blonde à retardement (1983)

Des orchidées pour Marc Avril (1983)

Avril et le Pigeon blanc (1984)

Avril aux puces (1984)

Avril en vrille (1984)

Madame Avril (1984)

Avril sur le toit du monde (1985)

Avril à l’abordage (1985)

Avril roule pour vous (1985)

Avril chez les dingues (1985)

Zoé, Avril et la Fin du monde (1985)

Avril et les Points sur les « i » (1986)

Avril et l’Impératrice (1986)

Avril au couvent (1986)

Avril et les Meilleurs Amis de la ferme (1986)

Les Kidnappeurs de cerveaux (1987)

Avril et la Pharaonne (1987)

Autres romans signés Marc Avril

La Langue trop longue (1982)

Oh ! La belle rouge ! (1984)

Romans signés Christopher Stork

Parus au Fleuve noir, dans la collection « Anticipation »

L’Ordre établi (1979)

Enjeu : le Monde (1979)

Dormir ? Rêver peut-être… (1979)

Achetez Dieu ! (1979)

Terra-Park (1980)

L’usage de l’ascenseur est interdit aux enfants de moins de 14 ans (1980)

Il y a un temps fou… (1980)

Les Rats (1981)

Les Derniers Anges (1981)

Vatican 2000 (1981)

Le Bon Larron (1981)

Les Petites Femmes vertes (1981)

La Femme invisible (1981)

L’An II de la mafia (1982)

Tout le pouvoir aux étoiles (1982)

La Machine maîtresse (1982)

Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà… (1982)

La Quatrième personne du pluriel (1983)

L’Article de la mort (1983)

La Dernière Syllabe du temps (1983)

Un peu…beaucoup…à la folie (1983)

Le XXIe siècle n’aura pas lieu (1983)

Mais n’anticipons pas… (1983)

Pièces détachées (1984)

Virus Amok (1984)

Le Passé dépassé (1984)

Pieuvres (1984)

L’Envers vaut l’endroit (1984)

Terre des femmes (1984)

Le Rêve du papillon chinois (1985)

Made in Mars (1985)

Les Lunatiques (1985)

Billevesées et Calembredaines (1985)

Babel bluff (1985)

L’Enfant de l’espace (1985)

Demi-portion (1986)

Ils étaient une fois… (1986)

– Psys contre psys (1986)

De purs esprits… (1986)

Don Quichotte II (1986)

Contretemps (1986)

Le Lit à baldaquin (1987)

Je souffre pour vous… (1987)

Une si jolie petite planète (1987)

Le Trillionnaire (1987)

Les Enfants du soleil (1987)

Alter ego (1988)

Traductions

Roderick Random de Tobias G. Smollett ; traduit de l’anglais par José-André Lacour (1980)

Le Cadeau des mages de O. Henry ; traduit de l’américain par José-André Lacour et G. Colin (1997)

Le Consul au crépuscule (The Consul at sunset) de Gerald Hanley ; traduit de l’anglais par José André Lacour (1952)

Les Furies (The Furies) de Niven Busch ; traduit de l’américain par José André Lacour et Gilles Dantin (1950)

Théâtre

– 1958-1961 : L’Année du bac de José-André Lacour, mise en scène Yves Robert, théâtre Édouard VII et théâtre des Variétés

– 1959 : Mascarin de José-André Lacour, mise en scène Jean Négroni, théâtre Fontaine

– [sans date] : Clayton’s College de José-André Lacour (Connie O’Hara), Éditions de l’Alma

– 1961 : Le 10e Homme de Paddy Chayefsky, adaptation de José-André Lacour, mise en scène Raymond Gérôme, théâtre du Gymnase

– 1972 : Une anguille pour rêver de William Payne, mise en scène Marcel Lupovici, théâtre 347

– 1982 : Lili Lamont d’Arthur Whithney, mise en scène René Dupuy, théâtre Fontaine

Filmographie

En qualité de scénariste

– 1951 : Les Mousquetaires du roi, film français réalisé par Marcel Aboulker et Michel Ferry, scénario de José-André Lacour et Marcel Aboulker, avec Claude Bertrand et Raymond Bussières

– 1951 : Le Cap de l’espérance, film franco-italien réalisé par Raymond Bernard, scénario de José-André Lacour d’après sa pièce Notre peau, avec Edwige Feuillère et Franck Villard

– 1964 : L’Année du bac, film français écrit et réalisé par Maurice Delbez et José-André Lacour, d’après la pièce éponyme, avec Jean Desailly et Simone Valère

– 1959 : La Nuit des traqués, film français réalisé par Bernard-Roland, scénario de José-André Lacour d’après le roman de Benoît Becker (pseudonyme de José-André Lacour), avec Philippe Clay, Juliette Mayniel et Sami Frey

– 1964 : L’Enfer, film français inachevé réalisé par d’Henri-Georges Clouzot, scénario de Henri-Georges Clouzot, José-André Lacour et Jean Ferry, avec Romy Schneider et Serge Reggiani

– 1994 : L’Enfer, film français réalisé par Claude Chabrol, dialogues supplémentaires au scénario de 1964 signés José-André Lacour, avec François Cluzet et Emmanuelle Béart

En qualité d’auteur adapté

– 1956 : La Mort en ce jardin, film français réalisé par Luis Buñuel, avec Simone Signoret, Georges Marchal et Charles Vanel

– 1973 : Au théâtre ce soir : Ouragan sur le Caine d’Herman Wouk, mise en scène André Villiers, réalisation Georges Folgoas, théâtre Marigny[5].


[1] https://books.google.fr/books/about/Le_rire_de_Ca%C3%AFn.html?id=WlF1QgAACAAJ&source=kp_book_description&redir_esc=y

[2] La Maison du Livre, 24-28 rue de Rome à 1060 Bruxelles – Tél. : 02 543 12 20 – E-mail : info@lamaisondulivre.be

[3] Source : http://www.lamaisondulivre.be/spip.php?article826

[4] Avec une dédicace imprimée rendant hommage à Robert Poulet (B. Delcord).

[5] Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jos%C3%A9-Andr%C3%A9_Lacour

Date de publication
dimanche 27 octobre 2019
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