Dames du temps jadis…

Georges Duby (né le 7 octobre 1919 à Paris et mort le 3 décembre 1996 au Tholonet) est un historien français. Éminent spécialiste du Moyen Âge, il a été professeur au Collège de France de 1970 à 1991.

Le 21 juin 1952, il a soutenu à la Sorbonne une thèse de doctorat ès lettres intitulée La Société aux XIe et XIIe siècles dans la région mâconnaise tandis que sa thèse complémentaire étudiait Les pancartes de l’abbaye cistercienne de la Ferté-sur-Grosne, 1113-1178.

En 1974, il fut élu membre ordinaire de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et, le 18 juin 1987, à l’Académie française, où il succéda à Marcel Arland. Il fut également membre étranger de la British Academy, de la Royal Historical Society, de la Medieval Academy of America, de la Société américaine de philosophie, de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, de l’Accademia nazionale dei Lincei, de l’Académie royale espagnole, de l’Académie hongroise des sciences et de l’Academia Europaea.

Parmi ses abondantes publications, on pointera notamment Guerriers et Paysans, VIIe – XIIe siècles : premier essor de l’économie européenne (1973), Les Trois Ordres ou L’Imaginaire du féodalisme (1978), Le Chevalier, la Femme et le Prêtre : le mariage dans la France féodale (1981), Mâle Moyen Âge : de l’amour et autres essais (1988) ainsi que Dames du XIIe siècle, publié à Paris en 3 volumes en 1995-1996 aux Éditions Gallimard qui le ressortent ces jours-ci en un seul volume au format de poche dans la collection « Folio Histoire »).

Voici la présentation qu’il en a donnée :

« Au XIIe siècle, des prêtres se sont mis à parler plus souvent des femmes, à leur parler aussi, à les écouter parfois. Celles de leurs paroles qui sont parvenues jusqu’à nous éclairent un peu mieux ce que je cherche, et que l’on voit si mal : comment les femmes étaient en ce temps-là traitées. Évidemment, je n’aperçois encore que des ombres. Cependant, au terme de l’enquête, les dames du XIIe siècle m’apparaissent plus fortes que je n’imaginais, si fortes que les hommes s’efforçaient de les affaiblir par les angoisses du péché.

Je crois aussi pouvoir situer vers 1180 le moment où leur condition fut quelque peu rehaussée, où les chevaliers et les prêtres s’accoutumèrent à débattre avec elles, à élargir le champ de leur liberté, à cultiver ces dons particuliers qui les rendent plus proches de la surnature. Quant aux hommes, j’en sais maintenant beaucoup plus sur le regard qu’ils portaient sur les femmes. Elles les attiraient, elles les effrayaient.

Sûrs de leur supériorité, ils s’écartaient d’elles ou bien les rudoyaient. Ce sont eux, finalement, qui les ont manquées. »

Passionnant !

PÉTRONE

Dames du XIIe siècle par Georges Duby, Paris, Éditions Gallimard, collection « Folio Histoire », janvier 2020, 480 pp. en noir et blanc au format 11 x 17,8 cm sous couverture brochée en couleurs, 9,10 € (prix France)

TABLE DES MATIÈRES

I

HÉLOÏSE, ALIÉNOR, ISEUT ET QUELQUES AUTRES

Introduction

Aliénor

Marie-Madeleine

Héloïse

Iseut

Juette

Dorée d’Amour et la Phénix

Conclusion

II

LE SOUVENIR DES AÏEULES

Introduction

Servir les morts

1) Les morts dans la maison

2) Les femmes et les morts

3) Écrire des morts

4) Mémoires des dames

Épouses et concubines

1) Généalogie d’un éloge

2) Le trouble qui vient des femmes

3) Les dames

4) Les amies

5) Arlette

Le pouvoir des dames

1) Environnement

2) Le témoin

3) Les déesses mères

4) Le couple

5) Les veuves

Généalogies

III

ÈVE ET LES PRÊTRES

Introduction

Les péchés des femmes

La chute

Parler aux femmes

De l’amour

Conclusion

Date de publication
dimanche 26 janvier 2020
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