Ami de Paul Verlaine, Émile Zola ou Auguste de Villiers de L’Isle-Adam et d’artistes comme Édouard Manet, qui a peint son portrait en 1876, Stéphane Mallarmé, né à Paris le 18 mars 1842 et mort à Valvins (commune de Vulaines-sur-Seine, Seine-et-Marne) le 9 septembre 1898, est un poète français, qui fut également enseignant, traducteur et critique d’art.
Professeur d’anglais par nécessité et admirateur de l’œuvre de l’Américain Edgar Allan Poe (Boston, 1809 – Baltimore, 1849), il traduit Le Corbeau (1845), qui est publié en 1875 avec des illustrations d’Édouard Manet, et écrit le Tombeau d’Edgar Poe en 1876, avant de traduire en prose d’autres poèmes.
Attiré par l’esthétique de L’art pour l’art, il collabore au Parnasse contemporain dès 1866. Il est l’auteur de L’après-midi d’un faune (1865-1876, dont Claude Debussy tirera une de ses œuvres symphoniques les plus célèbres en 1892-1894), du Sonnet en X (1887) [1], du sonnet en octosyllabes Une dentelle s’abolit (1887) [2] ou encore du poème typographique en vers libres Un coup de dés jamais n’abolira le hasard (1897) paru dans le numéro 17 de la revue internationale multilingue (anglais, allemand, français, russe) Cosmopolis fondée en 1896 par le Belge Fernand Ortmans et publiée simultanément à Londres, Paris, Genève, Saint-Pétersbourg, Amsterdam, Berlin, Vienne et New-York.
Stéphane Mallarmé sera reconnu comme un maître par les jeunes générations poétiques suivantes, d’Henri de Régnier aux symbolistes en passant par Paul Valéry et, de nos jours, Yves Bonnefoy.
À l’occasion du Salon Livre Paris qui tiendra ses assises du vendredi 20 mars au lundi 23 mars 2020 et don l’invité d’honneur est le pays du Mahatma Gandhi, les Éditions de l’Aube à La Tour d’Aigues ressortent quatre Contes indiens (1893) [3] tels que parus dans l’édition posthume de 1927.
Pour plaire à son amie Méry Laurent, Stéphane Mallarmé avait réécrit quelques-uns des plus célèbres Contes et légendes de l’Inde ancienne de l’historienne, romancière et orientaliste française Marie Filon Foucaux, dite Mary Summer (1842-1902).
Le poète y met en scène une Inde légendaire et mystérieuse, dans laquelle princes et princesses usent d’enchantements et de sortilèges pour trouver l’amour [4].
Du très grand Bollywood !
PÉTRONE
Contes indiens par
Stéphane Mallarmé, La Tour d’Aigues, Éditions
de l’Aube, collection « Mikrós classique » dirigée par Julie Maillard,
février 2020, 85 pp. en noir et blanc au format 12 x 18 cm
sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 10 € (prix France)
[1] Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L’Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore
Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx
Aboli bibelot d’inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.)
Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,
Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l’oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.
[2] Une dentelle s’abolit
Dans le doute du Jeu suprême
À n’entrouvrir comme un blasphème
Qu’absence éternelle de lit.
Cet unanime blanc conflit
D’une guirlande avec la même,
Enfui contre la vitre blême
Flotte plus qu’il n’ensevelit.
Mais, chez qui du rêve se dore
Tristement dort une mandore
Au creux néant musicien
Telle que vers quelque fenêtre
Selon nul ventre que le sien,
Filial on aurait pu naître.
[3] Le portrait enchanté, La fausse vieille, Le mort vivant et Nala et Damayantî.
[4] Sources : Wikipédia et Éditions de l’Aube.