La « pompe funèbre »…

Sylvie Lausberg est historienne et psychanalyste, diplômée de l’Université libre de Bruxelles, où elle enseigne actuellement la psychologie. En parallèle, elle poursuit depuis plusieurs années une carrière de journaliste indépendante.

Également très impliquée dans la lutte pour l’égalité des sexes, elle est présidente du Conseil des Femmes francophones de Belgique (depuis février 2018) et membre du Conseil fédéral de l’Égalité des chances entre les femmes et les hommes (depuis 2009).

Elle est aussi directrice du département Étude & Stratégie du Centre d’Action laïque belge (www.laicite.be).

Elle a publié Madame S aux Éditions Slatkine et Cie à Paris, une vaste et passionnante enquête menée tambour battant autour de la personnalité complexe et de la vie mouvementée de Marguerite Jeanne Japy, épouse Steinheil [1], rendue mondialement célèbre le 16 février 1899 quand, à l’Élysée, Félix Faure mourut dans ses bras, après une fellation.

On connaît cet échange supposé entre le majordome de Félix Faure et le prêtre appelé en catastrophe pour administrer les derniers sacrements : « Le Président a-t-il encore sa connaissance ? Non, elle est sortie par l’escalier de service ».

Et le commentaire perfide de Georges Clemenceau, vachard en diable : « Félix Faure se voulait César, il ne fut que Pompée » [2].

Marguerite Steinheil, portrait peint par Léon Bonnat, 1899.

Mais qui était cette mystérieuse Madame S ?

« Assurément pas une cocotte, écrit l’auteure. Héritière d’une grande famille d’industriels protestants, mariée trop jeune à un peintre trop vieux, Madame S est alors la coqueluche du Tout-Paris politique.

Sur fond d’affaire Dreyfus, elle se rapproche de Félix Faure et s’installe au cœur du pouvoir et des secrets d’État. Après la mort du Président, elle disparaît. On la retrouve neuf ans plus tard, accusée du meurtre de sa mère et de son mari. Elle est emprisonnée, jugée, innocentée. Disparaît encore. Épouse un lord anglais, s’installe à Brighton, est enlevée au Maroc » (du 21 octobre au 17 novembre 1927), avant d’être libérée contre une forte rançon dont une grosse partie disparaîtra.

Quel roman !

PÉTRONE

Madame S par Sylvie Lausberg, Paris, Éditions Slatkine et Cie, octobre 2019, 300 pp. en noir et blanc au format 15 x 23 cm sous couverture brochée en couleurs, 20 € (prix France)


[1] Marguerite Jeanne Japy, épouse Steinheil, dite Meg, née le 16 avril 1869 à Beaucourt (territoire de Belfort) et morte le 18 juillet 1954 à Hove dans le Sussex au Royaume-Uni, est une célèbre « demi-mondaine » française. Épouse du peintre académique Adolphe Steinheil jusqu’en 1908, elle est connue pour avoir entretenu une liaison avec le président Félix Faure et pour avoir ensuite été au cœur d’une sombre affaire judiciaire. Après la mort de Félix Faure, Marguerite Steinheil, bénéficiant désormais d’une « notoriété flatteuse » dans le monde politique, devint la maîtresse de diverses personnalités, dont le ministre Aristide Briand et le roi Sisowath du Cambodge.

[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Marguerite_Steinheil

Date de publication
lundi 2 mars 2020
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