Une place forte (mé)connue…

Le château de Malbrouck (historiquement : château de Meinsberg) est un château fort de la commune de Manderen dans le nord du département de la Moselle en France, à proximité du Luxembourg et de l’Allemagne.

Il fut construit sur un éperon rocheux dominant la région par la volonté d’Arnold VI, seigneur de Sierck, en 1419 et achevé en 1434, année où le château a été déclaré en mesure de soutenir un siège et mis au service de l’électorat de Trèves. Malheureusement, à la mort du chevalier Arnold, la descendance n’était pas assurée et le château passa de main en main de la fin du XVe au début du XVIIsiècle.

Son surnom lui vient du duc John Churchill de Marlborough, immortalisé dans la chanson populaire Marlbrough s’en va-t-en guerre. Il y avait brièvement installé ses quartiers le 3 juin 1705 lors de la guerre de Succession d’Espagne avant de se replier sur Trèves deux semaines plus tard. À cette époque, le château de Mensberg s’est retrouvé au premier plan de la scène internationale : l’Angleterre et les Provinces-Unies s’étaient jointes à l’Empire et la France se retrouvait face à une Europe coalisée.

Le chef de guerre de cette coalition n’était autre que le duc de Marlborough, que les Français surnommèrent Malbrouck. Au début de l’année 1705, il prépara son plan d’invasion de la France en passant par la vallée de la Moselle, et rassembla une armée de 100 000 hommes à Trèves. Au mois de juin 1705, il disposa cette armée aux portes du royaume de France, de la Moselle au château de Mensberg, où il installa son quartier général. Face à lui, le maréchal Claude-Louis-Hector de Villars s’apprêtait à défendre la frontière avec moins de 50 000 hommes. À un contre deux, Villars ne pouvait se permettre d’attaquer. Malbrouck, qui tenait Villars en grande estime, décida de n’attaquer qu’avec le renfort du prince de Bade à qui il avait donné rendez-vous au château de Mensberg. Dans cette attente, Malbrouck fit tout pour que Villars sorte de ses positions, mais celui-ci, patient, ne bougea pas. Le face à face dura ainsi une dizaine de jours sans ravitaillement pour l’armée de la coalition, tant et si bien que les soldats de Malbrouck, qui souffraient de la carence en vivres, désertèrent les uns après les autres. Le duc de Malbrouck se résigna donc à quitter la place sans livrer la bataille et profita d’une nuit de brouillard pour s’en retourner vers Trèves et Maastricht. Le 17 juin au petit matin, Villars eut la surprise de constater la disparition des troupes ennemies. Malbrouck s’en était donc allé en laissant son nom à ce château.

Le château de Malbrouck fut vendu comme bien national en 1793 et a subi les outrages du temps et divers pillages. Bien que classé monument historique en février 1930, il a été pilonné par l’armée française durant la drôle de guerre (septembre 1939 – juin 1940) et a servi de cible d’exercice à des artilleurs américains en 1945, si bien qu’il était en ruine quand il fut racheté par le Conseil général de la Moselle en 1975. Commencèrent alors des travaux remarquables et le deuxième chantier des Monuments historiques de France. Le château fut entièrement réhabilité de 1991 à 1998 et ouvert ensuite au public [1].

Parue chez Casterman à Bruxelles, la remarquable BD intitulée Le Château de Malbrouck restitue par le menu, magnifiques dessins et documents de choix à l’appui, l’histoire de ce monument historique d’exception.

Un magnifique voyage dans le temps !

PÉTRONE

Le Château de Malbrouck par Olivier Weinberg, Pierre Legein, Yves Plateau et Jacques Martin, textes de Marc Houver et Jean-François Patricola, couleurs d’Emmanuel Bonnet, Bruxelles, Éditions Casterman, collection « Les voyages de Jhen », mai 2019, 56 pp. en quadrichromie au format 24 x 32 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 12,90 €


[1] D’après https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Malbrouck

Date de publication
mercredi 15 avril 2020
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