Retour aux sources…

Mario Rigoni Stern, né en 1921 à Asiago, dans la province de Vicence en Vénétie, et mort en 2008 dans la même commune, est l’un des grands écrivains italiens du XXsiècle.

Ila été incorporé durant la Seconde Guerre mondiale dans un régiment de chasseurs alpins au sein de la division Tridentina [1] active en France, en Grèce, en Albanie et en Russie.

Fait prisonnier par les Allemands après la signature de l’armistice avec les Alliés en septembre 1943, il fut transféré en Prusse orientale d’où il finit par s’évader et parvint à rejoindre Asiago le 9 mai 1945. Devenu employé du cadastre, il se consacra à l’écriture à partir de 1970.

Les thèmes récurrents de ses écrits tournent autour de souvenirs rapportés ou vécus (notamment sur le front russe ou sur ses longs mois de captivité) pendant les deux guerres mondiales.

Son roman le plus connu est Le Sergent dans la neige (1953) [2] qui raconte l’errance d’une poignée de soldats italiens perdus en Russie, au moment où les troupes allemandes et italiennes se retirent après la défaite de Stalingrad [3]. Ce livre est l’un des classiques de la littérature contemporaine italienne.

Trente ans après cette tragique retraite et vingt ans après la publication du Sergent dans la neige, Mario Rigoni Stern revint sur les lieux où tant de ses camarades avaient trouvé la mort, au combat, de froid ou de faim.

Ce fut l’occasion d’évoquer ses souvenirs dans Retour sur le Don (1973) qui reparaît aux Éditions Les Belles Lettres à Paris dans la remarquable collection « Domaine étranger » dirigée par Jean-Claude Zylberstein.

L’auteur y alterne le passé et le présent, se remémorant les souffrances qui avaient jadis rapproché les deux camps et retrouvant les qualités de l’âme russe découvertes dans les camps de prisonniers où, refusant de poursuivre le combat aux côtés des troupes allemandes après 1943, il avait côtoyé les soldats de l’Armée Rouge. Déjà, durant la retraite, les contacts humains avec la population locale avaient recélé une belle leçon de vie.

Il évoque aussi son cher plateau d’Asiago, notamment lorsqu’une vieille scierie est convertie en camp d’internement pour des Juifs dont il s’efforcera après la guerre d’identifier les victimes et les survivants afin de faire connaître leurs noms.

Un texte d’une grande et noble émotion !

PÉTRONE

Retour sur le Don par Mario Rigoni Stern, ouvrage traduit de l’italien par Marie-Hélène Angelini, Paris, Éditions Les Belles Lettres, collection « Domaine étranger » dirigée par Jean-Claude Zylberstein, septembre 2020, 165 pp. en noir et blanc au format 12,5 x 19 cm sous couverture brochée en couleurs, 13,50 € (prix France)

TABLE DES MATIÈRES

Dans la steppe de Kotovski

Dans un village enfoui au fond d’une combe

Trois pommes de terre bouillies

La scierie abandonnée

Bepi, le rappelé de la classe 1933

Un jeune de chez nous

La hache

Retour sur le Don


[1] La 2e division alpine tridentine (la Tridentina) était le nom de l’une des divisions du corps expéditionnaire italien envoyé en Russie pendant la Seconde Guerre mondiale, par la seule volonté de Mussolini, qui souhaitait que l’Italie soit présente sur tous les fronts. Composée de chasseurs alpins, elle faisait partie du Corps d’armée alpin, formé des divisions Tridentina, Julia et Cuneense, intégré au XXXVe Corps d’armée formé le 9 juillet 1942 et placé sous les ordres du général Italo Gariboldi.

[2] L’auteur portait le grade de sergent-major.

[3] 80 000 soldats italiens périrent en Russie.

Date de publication
mercredi 30 septembre 2020
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