Combats navals…

Peintre officiel de la Marine, membre titulaire de l’Académie des Arts & Sciences de la Mer (Pornichet, France), le Belge Jean-Yves Delitte (°1963) est architecte-designer de formation.

Il excelle dans les fresques maritimes en bandes dessinées, et depuis 2017, il dirige aux Éditions Glénat à Grenoble la collection « Les grandes batailles navales ».

Il vient d’y publier Gravelines et Gondelour – Suffren, l’amiral Satan, deux magnifiques albums ressuscitant de fameuses batailles de l’histoire maritime européenne, celle qui vit la fin de l’Invincible Armada [1] en 1588 et celle qui eut lieu le 20 juin 1783 entre les marines française et britannique, pendant la guerre d’indépendance des États-Unis, près de Gondelour, un port indien situé à environ 180 km au sud de Madras et à 20 km au sud de Pondichéry. Cette ville est l’ancienne capitale des comptoirs français de l’Inde.

En voici les résumés :

Gravelines (8 août 1588)

À la fin du XVIe siècle, alors que l’homme se lance à la découverte du monde, sur le vieux continent, deux royaumes se déchirent au nom de la foi. La très catholique Espagne de Philippe II[2] ne supporte plus l’impertinence d’une Angleterre qui s’est défaite de l’autorité papale depuis le schisme anglican. Partout où le royaume ibérique a des intérêts dans le commerce, l’Angleterre d’Elisabeth Ire [3] s’emploie à les contester.

Philippe II a pour lui la puissance maritime et militaire, Elisabeth Ire n’a que le courage de ses marins émérites comme Francis Drake [4]. Le destin de l’Angleterre va ainsi se jouer sur les eaux tumultueuses d’une mer étroite au large des côtes de Flandre dans les premiers jours du mois d’août de 1588.

L’histoire du bailli de Suffren

Pierre André de Suffren [5] est de ces marins qui connaissent tardivement les honneurs et la reconnaissance. Pourtant, l’homme peut se targuer très jeune de tout connaître de la mer et de l’art de la guerre. Mais corpulent, mal soigné, à l’humeur capricieuse et au déplaisant franc-parler, Pierre André de Suffren ne sait pas se faire apprécier en des temps où il faut se montrer courtois et déraisonnablement flatteur.

C’est la guerre d’indépendance aux États-Unis qui permet à l’impétueux officier de marine d’enfin démontrer ses talents. Alors que les affrontements aux Amériques perdurent depuis 1775, Louis XVI décide de porter le désordre dans les affaires anglaises aux Indes orientales. Une guerre ne peut se mener sans argent et le commerce avec les Indes remplit les caisses anglaises. Larguant les amarres en mars 1781 pour les eaux de l’océan Indien, Suffren écrit qu’il saisira toute opportunité pour enfin fouler les chemins de la gloire.

Avis aux amateurs d’épopées habilement contées et bellement illustrées !

PÉTRONE

Gravelines, scénario de Jean-Yves Delitte, dessins de Denis Béchu, Giuseppe Baiguera et Nico Tamburo, couleurs par Douchka Delitte, Grenoble, Éditions Glénat, Paris, Musée national de la Marine, collection « Les grandes batailles navales », octobre 2020, 56 pp. en quadrichromie au format 24 x 32 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 14,95 € (prix France)

Gondelour – Suffren, l’amiral Satan par Jean-Yves Delitte, couleurs par Douchka Delitte, Grenoble, Éditions Glénat, Paris, Musée national de la Marine, collection « Les grandes batailles navales », octobre 2020, 56 pp. en quadrichromie au format 24 x 32 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 14,95 € (prix France)


[1] L’Invincible Armada est, en 1588, le nom de la flotte d’invasion armée espagnole à destination de l’Angleterre. Elle est affrétée par Philippe II d’Espagne. Sa mission est la conquête de l’Angleterre protestante d’Élisabeth Ire, menace permanente pour la souveraineté espagnole sur ses territoires des Pays-Bas. La flotte espagnole se composait de 130 navires transportant 30 000 hommes. Dans un premier temps, face à une marine anglaise agile et déterminée, elle ne parvient pas à engager le combat lors de la bataille de Gravelines. Puis, soumise à des conditions météorologiques très difficiles et en l’absence de tout port ami pour relâcher, elle n’eut d’autre choix que d’abandonner le projet d’invasion. C’est lors du voyage du retour qu’une tempête conduisit au naufrage de deux douzaines de bateaux.

[2] Philippe II, né le 21 mai 1527 à Valladolid et mort le 13 septembre 1598 au palais de l’Escurial, fils aîné de Charles Quint et d’Isabelle de Portugal, fut roi d’Espagne, de Naples et de Sicile, archiduc d’Autriche, duc de Milan et prince souverain des Pays-Bas de l’abdication de son père en 1555 à sa mort. Il devint également roi de Portugal après l’extinction de la maison d’Aviz, en 1580. Du fait de son mariage avec Marie Tudor, il est roi d’Angleterre de 1554 à 1558. En tant que roi d’Espagne, il fut à la tête des possessions espagnoles extra-européennes, principalement en Amérique, qui lui assurèrent des ressources considérables. Son long règne, entaché par une légende noire due pour une large part à la propagande de ses ennemis, notamment l’Angleterre d’Élisabeth Ire et les provinces protestantes des Pays-Bas engagées dans une longue guerre d’indépendance, marque l’apogée diplomatique de l’Espagne, à une époque où le royaume de France voisin est en proie aux guerres de Religion.

[3] Élisabeth Ire (1533-1603) fut reine d’Angleterre et d’Irlande de 1558 à sa mort. Elle était la fille du roi Henri VIII, et le cinquième et dernier membre de la dynastie des Tudor sur le trône anglais. Comme reine, l’une de ses premières décisions fut de restaurer l’autorité de l’Église protestante anglaise aux dépens de l’Église catholique comme seule religion d’État. En 1570, le pape l’excommunia et encouragea les sujets catholiques d’Élisabeth à ne plus lui obéir. Pendant son règne éclata la guerre anglo-espagnole qui vit l’Invincible Armada tenter d’envahir le royaume d’Angleterre en 1588.

[4] Sir Francis Drake, né vers 1540 à Tavistock (Devon, Angleterre) et mort le 27 janvier 1596 à Portobelo (Panama), était un corsaire, explorateur et homme politique anglais du XVIe siècle. La reine Élisabeth Ire d’Angleterre le fit chevalier en 1581. Il était commandant en second de la flotte anglaise qui affronta l’Invincible Armada espagnole. Il mourut de la dysenterie en janvier 1596 après l’attaque avortée de San Juan à Puerto Rico.

[5] Pierre André de Suffren, dit « le bailli de Suffren » et également connu sous le nom de « Suffren de Saint-Tropez », est un vice-amiral français, bailli et commandeur de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, né le 17 juillet 1729 au château de Saint-Cannat près d’Aix-en-Provence et mort le 8 décembre 1788 à Paris. (Sources : Wikipédia.)

Date de publication
vendredi 27 novembre 2020
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