« L’homme est-il une erreur de Dieu, ou Dieu une erreur de l’homme ? » (Friedrich Nietzsche)

Membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises – « la Thérésienne » –, écrivain belge de grand talent à la tête d’une œuvre considérable, Jean-Baptiste Baronian (°1942) est aussi critique littéraire, biographe[1], éditeur[2] et président de l’association des Amis de Georges Simenon.

Fondé sur une figure grammaticale précise[3], son nouvel opus, Anastrophes au Bon Dieu, paru chez Lamiroy à Bruxelles, est un recueil de courts poèmes en prose, des vagabondages de la pensée soutenus par une vaste érudition, un soupçon de déréliction et un sens de la formule qui fait mouche.

Extrait :

LE BONHOMME DE NEIGE

À l’angle de la rue, le bonhomme de neige fond lentement au soleil.

D’abord tombe par terre la grosse carotte, qui lui a servi de nez. Ensuite les deux gros marrons, qui ont été ses yeux. Puis le vieux chapeau tyrolien de mon père que je lui avais enfoncé sur la tête.

Il penche la tête.

Elle glisse sur son épaule droite, descend le long de son tronc et tombe par terre, elle aussi, dans un bruit imperceptible.

Le bonhomme de neige est en train de disparaître à jamais.

L’hiver agonise.

Toute mon enfance se décompose.

Joli, non ?

PÉTRONE

Anastrophes au Bon Dieu par Jean-Baptiste Baronian, Bruxelles, Éditions Lamiroy, mai 2021, 54 pp. en noir et blanc au format 12,3 x 20,1 cm sous couverture brochée en bichromie et à rabats, 10 €


[1]  Par exemple de Baudelaire (chez Gallimard en 2006), Verlaine (Gallimard, 2008) et Rimbaud (Gallimard, 2009 – Prix de littérature 2011 du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles).

[2] Notamment comme directeur de collection chez Marabout, à la Librairie des Champs-Élysées, au Livre de poche, chez Hermé, au Fleuve noir et chez NéO.

[3] L’anastrophe est un renversement de l’ordre grammatical habituel. (Larousse)

Date de publication
samedi 31 juillet 2021
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