« Le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est con, on est con. » (Georges Brassens)

Comédien depuis une trentaine d’années, Christophe Alévêque (°1963) est un aussi un humoriste et un chroniqueur français (entre autres pour France Inter, Europe 1, France 2) qui défend différentes positions ou personnalités politiques marquées à gauche.

Il publie aux Éditions du Cerf à Paris un Éloge du vieux con moderne dans lequel il dégomme à la sulfateuse les travers de notre époque (wokisme, féminisme ultra, racisme antiraciste et autres billevesées de la bien-pensance prétendument de gauche et résolument réactionnaire) qui traite de vieux cons ceux qui ne se rallient pas à son panache déplumé et à ses conneries hystériques.

Car, pour Christophe Alévêque, le vieux con moderne (ou VCM, pour les intimes, qu’il soit homme, femme ou X) n’est pourtant pas celui que l’on croit.

Il dit qu’un matin, lui qui s’est tant battu pour les idées de progrès, s’est réveillé cerné par la meute des nouveaux progressistes, détenteurs de la vérité universelle, avec le sentiment de s’être fait voler toutes les belles idées par des intégristes de la pensée.

Et, plutôt que de devenir un humoriste sympathique et consensuel, il a décidé d’accepter l’étiquette que la dictature maternante du Bien lui colle et de relever le défi d’être un VCM.

Extrait :

« De nos jours, on devient vite un méchant phobe. Les occasions sont en effet nombreuses d’être incriminé de ce vilain délit.

Si vous avez l’outrecuidance, en dehors de la sphère privée, d’appeler un gros un gros, vous serez accusé de grossophobie.

Si vous critiquez sainte Greta Thunberg, l’icône verte du sauvetage planétaire – qu’on peut remercier au passage, car, grâce à elle, nous avons découvert que le mythe de la Suédoise ouf était une idée reçue –, vous basculez dans le camp des adophobes.

Quel rapport avec le climat ? Il est assez lointain, mais cet exemple montre à quel point le respect peut devenir une arme de destruction massive de la pensée.

Le fameux respect !

On en bouffe à toutes les sauces du respect ! On nous gave au respect ! On nous enterre sous le respect !

Le nouvel ordre moral a décrété la compassion généralisée au nom de la sacro-sainte dignité humaine.

Une bonne idée en apparence.

Sauf que si vous parlez à un mec sourd comme un pot en le considérant comme un déficient auditif, il ne va rien entendre, il va penser que vous vous moquez de lui, et vous risquez d’être classé parmi les sourdophobes.

Pour agir sur la triste réalité, nous avons décidé d’agir sur la langue en pensant que changer les mots changerait les mauvaises pensées qui vont avec.

Bienvenue chez les Bisounours. »

Après avoir dénoncé la bêtise qui obscurcit les esprits des Candide contemporains, il propose au lecteur d’adhérer à un club d’happy few non conformes prêts à lutter contre le nouveau moralisme réactionnaire.

Ce club a une charte dont voici quelques articles :

Article 1. Le Vieux Con Moderne n’a pas d’âge et il a le genre qu’il veut. Il n’a pas de couleur de peau définie, d’orientation politique, sexuelle ou religieuse particulière. Et il t’emmerde.

Article 3. Le VCM est un libre penseur qui veut disposer de sa vie, de sa mort, et de tout le reste, en toute impunité.

Article 4. Le VCM trouve que le progrès n’est pas toujours un progrès.

Article 14. Le VCM considère que son bonheur et son plaisir ne sont pas des œuvres d’art, et n’apprécie pas qu’on les encadre.

Article 15. Le VCM ne pense pas que la photo du sushi qu’il a dans son assiette mérite d’être envoyée à tous ses contacts.

Article 22. Le VCM revendique le droit de douter.

La carte de membre peut être demandée à l’adresse suivante : clubdesvieuxcons@gmail.com.

Réjouissant, non ?

PÉTRONE

Éloge du vieux con moderne par Christophe Alévêque, Paris, Éditions du Cerf, octobre 2021, 187 pp. en noir et blanc au format 13,5 x 21 cm sous couverture brochée en couleurs, 18 € (prix France)

Date de publication
mardi 5 octobre 2021
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