Coup de pied aux cultes…

Thierry Aimar (°1966) est un économiste français, spécialiste en histoire de la pensée économique et de l’école autrichienne d’économie. Il est maître de conférences en sciences économiques à l’université de Paris I, chargé de cours à l’Institut de formation de la Banque de France, maître de conférences titulaire à l’université de Nancy 2 et maître de conférences à l’Institut d’Études Politiques de Paris (depuis 2006). Enfin, il est chargé de cours à l’université de Paris-Dauphine et à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC).

Il est par ailleurs membre du conseil d’administration de la Société d’Économie Politique (SEP)[1].

Il a publié aux Éditions de l’Aube un essai décapant intitulé La société de la régression – Le communautarisme à l’assaut de l’individu dont la thèse est que les communautarismes sont un immense danger pour notre civilisation : communautarismes religieux, numériques, de genre, d’origine, de mémoire…

Incipit :

« L’idéologie contemporaine déplore l’effacement du collectif devant l’individuel. On croit rêver ! Chaque jour nous démontre l’inverse. Dans les sociétés modernes, les individus sont en train de disparaître au profit de logiques communautaires qui nivèlent leurs esprits, détruisent leurs particularismes et désignent la liberté de pensée comme l’ennemi à abattre.

Au-dessus de leurs têtes plane l’ombre d’une surveillance collective qui oblige chacun à se faire le porte-parole des opinions dominantes, sous peine d’être ostracisé et mis au ban de toute la société. »

Selon Thierry Aimar, en effet, les individus sont en train de disparaître, au profit de logiques collectives qui gangrènent leurs esprits en détruisant la source même de la liberté et de la création de valeur : le subjectivisme.

Les derniers résistants, priés de se soumettre à la « dictature » des réseaux sociaux, ont de plus en plus de mal à échapper à cette pression.

Le communautarisme obligerait donc les gens à penser en meutes qui s’affrontent, pour prélever sous forme de rentes une richesse produite par d’autres.

Extraits :

« [Le wokisme] a favorisé la montée de la violence et de l’arbitraire dans les rapports sociaux, en morcelant la société en de multiples chapelles communautaires qui s’affrontent pour s’approprier le territoire collectif.

La notion de communautarisme part de l’idée de caractéristiques, d’intérêts ou de valeurs partagées de manière suffisamment importante pour homogénéiser des individus à l’intérieur d’une collectivité et leur attribuer une identité propre : les Noirs, les femmes, les homosexuels, les musulmans… Mais on oublie trop souvent que l’inclusion communautaire trouve son revers logique dans un principe d’exclusion.

(…) Lorsqu’une carte d’identité communautaire est délivrée aux individus, on introduit nécessairement dans la société l’idée de ségrégation et de privilèges.

(…) Combien d’individus ne s’étaient jamais sentis juifs, musulmans, Noirs avant qu’on les identifie de l’extérieur en tant que tels ? Et parmi ces individus, combien ont dû s’allier avec les gens estampillés de la même façon pour constituer un groupe de défense ayant finalement créé dans leurs têtes un sentiment d’appartenance communautaire dont on les avait au départ désignés ?

(…) Finalement, tout communautarisme porte en lui la notion de privilèges (une communauté est une construction sociale érigée pour bénéficier d’avantages spécifiques et forge par réaction celle des individus qui en sont privés) ; tout privilège est par nature exclusif (le privilège d’une communauté est nécessairement différent du privilège d’une autre communauté) ; tout communautarisme s’oppose à un autre communautarisme (un privilège communautaire s’acquiert nécessairement au détriment d’une autre communauté en lui interdisant de bénéficier de ses avantages (…).

Il est donc contradictoire de défendre le principe de la diversité communautaire tout en désirant l’égalité des droits entre chaque groupe. »

Ce livre en dérangera beaucoup, parce qu’il sape les bases de ces nouvelles religions collectivistes auxquelles il est de bon ton de croire aujourd’hui, déclinées en sectes de plus en plus malodorantes…

Et parce qu’il met au pinacle une authentique valeur sacrée : la liberté individuelle !

PÉTRONE

La société de la régression – Le communautarisme à l’assaut de l’individu par Thierry Aimar, La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube, collection « Monde en cours », avril 2022, 136 pp. en noir et blanc au format 11,5 x 21,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 15 € (prix France)

Table des matières

Introduction

– Sous leur œil

– Le faux procès de l’individualisme

– Un je de dupes

– Vides existentiels

– Ipsé contre Idem

– La gangrène communautarienne

– La spoliation comme nouvelle norme de relation sociale

– Les racines de l’intolérance : l’anti-subjectivisme

– La montée de l’irrationalisme : la crise des sachants

– De la société en réseau au despotisme numérique

– Écran total ! Le triomphe de l’homo numericus

– La liberté sans raison d’être

– La perte de capacité d’abstraction

– La perte de sens du travail.

– « Rent-seeking » (la recherche de rentes)

– Une société de défiance

– Communautarisme et guerre identitaire

– Les pièges du multiculturalisme

– L’échange et le mythe d’une « citoyenneté différenciée »

– L’intercommunautarisme, lieu d’affrontement

– Le marché, source de diversité

– Les contradictions de la discrimination positive

– Nation versus communautarisme : un faux débat

– Le port du voile et la question séparatiste

Conclusion

– Une révolte des esprits ?

Annexe

L’enfant-roi et la vie rêvée des familles

Bibliographie


[1] La Société d’Économie Politique est l’une des plus anciennes sociétés savantes en France : elle a été fondée en 1842 par les disciples de Jean-Baptiste Say pour offrir un cadre ouvert au débat économique, alors particulièrement agité en raison, notamment, des polémiques sur le libre-échange. Aujourd’hui, cette association comprend plus de 350 membres (universitaires, dirigeants et cadres supérieurs d’entreprises, hauts fonctionnaires…) et continue d’être un lieu de réflexion et de rencontres sur les sujets économiques et sociaux.

Date de publication
dimanche 10 juillet 2022
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