Déconstruction de légendes…

Docteur en histoire (1996), auteur d’une thèse très remarquée consacrée aux « Images des rois de France pendant les guerres d’Italie », Didier Le Fur est un spécialiste des XVe et XVIe siècles français, sur lesquels il a publié Marignan 1515 (en 2004), Le Royaume de France en 1500 (en 2010) et Une autre histoire de la Renaissance (en 2018).

Il est aussi l’auteur de biographies remarquées – Charles VIII (en 2006), Henri II (en 2009) Louis XII. Un autre César (en 2010) –, et son François Ier (en 2015, 1016 pp.), aboutissement de quinze années de recherches, a été unanimement salué par la critique.

Quant à son essai consacré à Diane de Poitiers, publié chez Perrin en 2017[1], il reparaît au format de poche chez le même éditeur dans la collection « Tempus ».

En voici le résumé :

« On a longtemps dit de Diane de Poitiers (1500-1566), non sans une certaine misogynie, qu’elle fut la maîtresse de deux rois de France, François Ier et son fils Henri II, et qu’elle n’intrigua que pour son propre profit financier.

Mais Didier Le Fur nous explique ici que cette image est faite d’une accumulation d’erreurs et d’approximations – volontaires ou non – reprises, puis amplifiées en fonction des modes, pendant quatre siècles.

Il rend ainsi à cette femme passionnante sa réalité, loin des fantasmes entourant les maîtresses royales, et décrypte comment sa vie, qui reste mystérieuse sur bien des aspects, a pu prendre une telle place dans l’imaginaire collectif et le roman national. »

Quelle est cette place ?

Diane était la fille de Jean de Poitiers, vicomte d’Estoile, seigneur de Saint-Vallier, et de Jeanne de Batarnay. Ses parents appartenaient au premier cercle des intimes du pouvoir royal : son grand-père Aymar de Poitiers avait épousé en premières noces Marie, la fille naturelle du roi Louis XI.

Son lieu de naissance reste incertain ; elle serait née à Saint-Vallier-sur-Rhône ou à Étoile, le 9 janvier 1500.

Le 16 avril 1515, elle épousa, en l’hôtel de Bourbon à Paris, Louis de Brézé, petit-fils de Charles VII et d’Agnès Sorel, comte de Maulévrier, grand sénéchal de Normandie et Grand veneur de France, de près de 40 ans son aîné.

Par la suite, Diane fut appointée dame d’honneur de la reine Claude[2], puis de la mère du roi, Louise de Savoie[3], et enfin de la reine Éléonore[4].

Aucune preuve ne permet de penser qu’elle ait été la maîtresse de François Ier, malgré les rumeurs répandues par ses détracteurs parfois reprises dans certaines biographies.

Le 23 juillet 1531, son époux Louis de Brézé meurt à Anet.

Amie – de 1531 à 1547 – du prince Henri d’Orléans, le futur Henri II (1519-1559), elle devint la favorite royale de 1547 à 1559 et se fit offrir par le souverain les bijoux de la couronne, un hôtel parisien, le duché d’Étampes (1553) et le relais de chasse des Clayes (1556), où elle aurait planté l’arbre de Diane. Elle avait également reçu divers cadeaux en terres, dont la propriété royale de Chenonceau (1547) et divers cadeaux en argent, parmi lesquels le produit de l’impôt sur les charges qui lui procura une somme extraordinaire de 100 000 écus (1553).

Après la mort d’Henri II, survenue le 10 juillet 1559, interdiction est faite de paraître à la cour, pour Diane et sa fille, la duchesse de Bouillon[5], et le château de Chenonceau lui est repris, en échange de celui de Chaumont, après la restitution des bijoux de la couronne.

Diane se retira ensuite au château d’Anet où elle défunta à l’âge de 66 ans.

PÉTRONE

Diane de Poitiers par Didier Le Fur, Paris, Éditions Perrin, collection « Tempus », juin 2022 [2017], 403 pp. en noir et blanc au format 10,6 x 17,7 cm sous couverture brochée en couleurs, 9 € (prix France)


[1] Prix Monseigneur-Marcel 2018 de l’Académie française.

[2] Claude de France (Romorantin, 13 octobre 1499 – Blois, 20 juillet 1524), duchesse de Bretagne (1514), devint reine de France en 1515 en épousant François Ier (1494-1547), roi de France. Elle était la fille du roi Louis XII et d’Anne de Bretagne. Elle est morte à 24 ans après avoir mis au monde sept enfants. Son nom est resté pour désigner une variété de prunes, la reine-claude, dont un plant avait été apporté par l’ambassadeur du royaume de France auprès de la Sublime Porte, de la part de Soliman le Magnifique.

[3] Louise de Savoie, née le 11 septembre 1476 au château de Pont-d’Ain et morte le 22 septembre 1531 à Grez-sur-Loing, princesse de la maison ducale de Savoie, était la mère de François Ier. Elle joua un rôle capital durant le règne de son fils. Deux fois régente du Royaume de France, elle négocia la paix des Dames signée le 3 août 1529 qui mit fin à la septième guerre d’Italie entre François Ier et Charles Quint (1500-1558).

[4] Sœur de Charles Quint, Éléonore de Habsbourg ou d’Autriche, née le 15 novembre 1498 à Louvain, morte le 18 février 1558 à Talavera la Real (Castille), fut reine de Portugal de 1518 à 1521 et reine de France de 1530 à 1547. Elle épousa d’abord le roi Manuel Ier de Portugal de trente ans son aîné. Après trois années de mariage et huit années de veuvage, elle fut mariée au roi François Ier.

[5] Françoise de Brézé (vers 1515 – 14 octobre 1577), fille de Diane de Poitiers, était titrée duchesse de Bouillon, comtesse de Maulévrier, comtesse de Messaincourt (Messincourt), baronne de Mauny et de Sérignan, dame de Bréval. (Sources : Wikipédia.)

Date de publication
lundi 18 juillet 2022
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