« Alors tout était simple et sauvage. » (Gustave Flaubert)

Republiés aux Éditions Gallimard dans la collection « Folio » avec 15 pages de textes reproduits en fac-similé à l’occasion de la redécouverte de deux manuscrits[1] dont la trace s’était perdue en 1931, les Récits de jeunesse (Les Mémoires d’un fou – Novembre – Pyrénées et Corse – Voyage en Italie) de Gustave Flaubert (1821-1880) avaient, en 2001, fait l’objet d’une édition critique par Claudine Gothot-Mersch[2], révisée cette année par Yvan Leclerc[3].

Les Mémoires d’un fou (1838, publié à titre posthume en 1910), un roman qui raconte une aventure amoureuse vécue par un garçon de quinze ans, placée sous le signe du désenchantement (« Jeune, j’étais vieux, mon cœur avait des rides »), servira de base de travail à L’Éducation sentimentale, publié près de trente ans plus tard. En 1837, Flaubert avait rencontré Élisa Schlésinger, de dix ans son aînée, qui sera l’amour fantasmé et platonique de toute sa vie et le futur modèle de la Madame Arnoux de ce roman d’apprentissage.

Novembre est une nouvelle rédigée en 1842 et publiée à titre posthume en 1910 qui décrit l’éveil de la sexualité chez un adolescent. Il s’agit d’une œuvre en partie autobiographique, où l’auteur exalte le pathos des émotions d’un jeune homme, pareil aux Souffrances du jeune Werther de Gœthe. Elle est aujourd’hui considérée comme une de ses premières réussites littéraires, quoique Flaubert l’ait reniée de son vivant sous le qualificatif péjoratif de « ratatouille sentimentale » (correspondance avec Louise Colet)[4].

Pyrénées et Corse (1840) et Voyage en Italie (1845) sont des journaux de pérégrinations tenus avec beaucoup de sérieux par un jeune homme dont la personnalité s’affirme progressivement et qui manifeste un don d’observation peu commun pour son âge.

Des textes qui portent en germe un grand auteur, celui de Madame Bovary (1857), Salammbô (1862), L’Éducation sentimentale (1869), La Tentation de Saint Antoine (1874), Trois contes (1877), Bouvard et Pécuchet (inachevé, 1881) et du Dictionnaire des idées reçues (inachevé et posthume, 1913).

PÉTRONE

Récits de jeunesse (Les Mémoires d’un fou – Novembre – Pyrénées et Corse – Voyage en Italie) par Gustave Flaubert, édition de Claudine Gothot-Mersch révisée par Yvan Leclerc, Paris, Éditions Gallimard, collection « Folio », juin 2023 [2001], 557 pp. en noir et blanc au format 10,8 x 17,8 cm sous couverture brochée en couleurs, 9,70 € (prix France)


[1] De Novembre et Pyrénées et Corse.

[2] Docteure en philologie romane de l’université de Liège en 1963 après avoir défendu une thèse intitulée La genèse de Madame Bovary, Claudine Gothot-Mersch, née dans cette ville le 14 août 1932 et morte le 19 novembre 2016, a enseigné la littérature française moderne et la théorie littéraire à l’Université Saint-Louis à Bruxelles. C’était une spécialiste de Gustave Flaubert sur lequel elle a publié de nombreux articles et ouvrages qui ont contribué à l’élaboration d’un nouveau type de travail littéraire : la critique génétique, fondée sur l’examen des manuscrits. Elle est l’éditrice scientifique des recueils de poésies Émaux et Camées de Théophile Gautier, Poèmes antiques et Poèmes barbares de Charles Leconte de Lisle. En 1985, elle avait été élue à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.

[3] Spécialiste de Flaubert, Yvan Leclerc, né le 26 mai 1951 à Montdidier (Somme), est professeur de lettres modernes à l’Université de Rouen.

[4] Source : Wikipédia.

Date de publication
dimanche 18 juin 2023
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