Exit Marcel Marlier

Victime naguère d’une cabale des pédagogues de gauche (pardon pour le pléonasme) qui lui reprochaient la trop grande beauté de ses dessins qui faisaient rêver les petites filles –ils eussent sans doute voulu qu’on présentât à celles-ci un monde de semi-clodos à barbe, en tongs et à vélo, buvant des infusions après s’être rendus à une manifestation anti-nucléaire et avant de traire leurs chèvres pour fabriquer des fromages immangeables et puants qu’ils vendraient ensuite à la sauvette sur les marchés de banlieue–, Marcel Marlier (1930-2011), le père de la petite Martine et du chien Patapouf, était un illustrateur de grand talent dont chaque dessin était une œuvre d’art incontestable (et incontestée du public : il comptait quatre générations de fans innombrables à travers le monde, ce qui est bien mieux que les Beatles, on en conviendra, et gageons qu’il y en aura d’autres…) mêlant à la beauté du trait et à la sûreté de la main un optimisme et une poésie qui faisaient mouche à tous les coups. Née dans les années cinquante et nourrie de l’esprit des Golden Sixties, sa petite héroïne a évolué dans un monde charmant et joyeux où l’argent, s’il ne manquait pas, était mis exclusivement au service de la recherche du bonheur commun et du plaisir partagé avec les autres, dans un esprit d’ouverture et de gentillesse altruiste. Des valeurs allant à l’encontre d’une pédagogie encore actuelle qui, on le voit chaque jour et sur tous les plans, peut se targuer d’avoir réussi son (mauvais) coup…

PÉTRONE



Date de publication
lundi 24 janvier 2011
Entrez un mot clef :