« L’homme qui voyage seul est vulnérable. » (Luc Dellisse)

Ayant enseigné le scénario de cinéma à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (2005-2014) et à l’École supérieure de réalisation audiovisuelle de Paris (2001-2005) ainsi qu’à l’Université libre de Bruxelles (2005-2018), Luc Dellisse (°1953) est un écrivain belge de langue française.

Romancier, essayiste, poète, dramaturge et scénariste de fictions audio-visuelles et de bande dessinée, il est membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique où il a succédé à Jacques De Decker en 2021.

Son œuvre fort considérable – riche d’une quarantaine de titres [1]– s’est accrue récemment de Bien fait pour moi, un recueil de vingt textes courts, des petits bijoux stylistiques ciselés autour d’expériences de voyages solitaires en des terres proches ou lointaines mêlées de rencontres plus ou moins fortuites qui ne sont pas sans rappeler celles de Sylvain Tesson (°1972), les pérégrinations à pied et les conclusions optimistes en moins, et celles, fort étranges, des Histoires singulières (1979, Prix Rossel) de Jean Muno[2], pour le sentiment de déréliction au cœur de la banalité du quotidien.

On est donc tantôt aux Açores ou à Venise, dans une villette imaginaire des Balkans ou dans un bistrot français, à Bruxelles chez le philosophe Henri Van Lier (1921-2009) ou dans les travées de Notre-Dame de Paris, dans un parc avec une lanceuse de couteau ou sur les pentes de l’Etna, dans un hôtel du Tessin avec un mafioso ou dans les bureaux d’une banque, à Rome ou sur la plage d’Anzio, à Genève chez un ami ou dans « un appartement au cœur du malaise social », dans un restaurant huppé ou dans le cabinet d’un médecin en déclin…

Une litanie de souvenirs, pour certains estompés à la manière de celui laissé par le paquebot Rex dans l’Amarcord de Fellini[3]

PÉTRONE

Bien fait pour moi par Luc Dellisse, Billière, Éditions L’herbe qui tremble, collection « D’autre part » dirigée par Thierry Horguelin, avril 2025, 129 pp. en noir et blanc au format 14,3 x 19,2 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 16 € (prix France)


[1] Romans, récits, nouvelles : Le Speaker extravagant (1981), Serrures (1982), L’Ours en cage (1988), La Nuit d’en face (1989), Mirages (1991), Le Testament de Napoléon (1994), La Voyante aux yeux verts (1996), Le Royaume des ombres (1998), Cinéma total (1999), La Fuite de l’Éden (2004), Le Jugement dernier (2007), Le Testament belge (2008), Le Professeur de scénario (2009), Les Atlantides (2011), 2013 année-terminus (2012), L’Amour et puis rien (2017), Le Sas (2019), Cet éternel retour (2021), Une vie d’éclairs (2022), L’Instant du silence (2024), Ce que je sais sur Linda (2024). Théâtre : La Passion des guillotines (1983), La Fortune d’Abel Duroc (1988), L’Ancien Régime (1991), La Douzième Nuit – Shakespeare (1992), La Fin de la route (1995), Mille Morts (1993), Ni bonjour ni bonsoir (1996), Légor [d’après Charles Plisnier] (1996), Les Armes blanches (2001), Perdu pour perdu (2002). Essais : Le Policier fantôme (1984, rééd. 2017), Le Mystère de la case vide, essai sur le récit en BD (1986), Le Feu central (2005), Films à petit budget : contrainte ou liberté ? (codir. 2007), L’Atelier du scénariste (2009, rééd. 2021), Qu’est-ce qu’une star aujourd’hui ? (codir. 2009), Le Tombeau d’une amitié. André Gide et Pierre Louÿs (2013), L’Invention du scénario (2006, rééd. 2014), Libre comme Robinson (2019), Un sang d’écrivain (2020), Le Monde visible. Les aventures du réel (2023). Poésie, textes brefs : Baptême du feu (1999), Guerre sur terre (2000), Gibier de nuit (2000), Signe des neiges (2001), Premier jour dans l’autre monde (2001), Ciel ouvert (2012), Sorties du temps (2015), Cases départ (2018), Le Cercle des îles (2020), Parler avec les dieux (2022), Mers intérieures. Carnet d’exil 2021 (2022), Tarmacs (2023). Scénarios de bandes dessinées : Fantômas – La Péniche bleue (1990). Fantômas – La Carte de l’Afrique (1991), Fantômas – L’Aventure égyptienne (1993), Voyage au centre de la Terre 1 (1993, rééd. 2006), Voyage au centre de la Terre 2 (1997, rééd. 2006), d’après Jules Verne, L’Étoile polaire – Le Milieu du ciel (1994), L’Étoile polaire – La Nuit comme un cheval arabe (1995), L’Étoile polaire – Les Faux Jumeaux (1996), Foudre – 1. L’Étincelle (1996), Foudre – 2. Clandestin (1996), Foudre – 3. Hong Kong Machine (1997), Foudre – 4. Le Dernier Nobel (1998), Foudre – 5. Les Jardins de Magellan (1998), Waldeck – Le Jaguar éternel (1998), Waldeck – L’Idole aux yeux vides (2000),

[2] Robert Burniaux alias Jean Muno, né le 3 janvier 1924 à Molenbeek-Saint-Jean et mort le 6 avril 1988 à Bruxelles, était un écrivain belge, à la fois romancier et nouvelliste, qui fut également enseignant à l’École normale Charles Buls. Il a commencé sa carrière comme chroniqueur cinématographique et fut membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, entre 1981 et 1988.

[3] Amarcord est un film de Federico Fellini (1920-1993) sorti en 1973, couronné de l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1975.

Date de publication
vendredi 18 avril 2025
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