Depuis 2024, le 20 mai est la « journée mondiale de la métrologie » déclarée par l’Unesco.
À cette occasion, les Éditions Gallimard publient, rédigé par l’historienne des sciences Céline Fellag Ariouet[1], un essai remarquable et abondamment illustré de photographies d’archives, en français et en anglais, consacré à l’histoire et à l’actualité du Bureau international des Poids et Mesures (BIPM), l’organisation internationale qui, installée au Pavillon de Breteuil à Sèvres depuis sa fondation – le 20 mai 1875 –, garantit le système mondial des mesures.
Le BIPM a été créé il y a donc 150 ans par la signature entre plusieurs États d’un traité international, appelé « Convention du Mètre »[2].
Sa première mission était d’assurer la diffusion du système métrique, par la fabrication des prototypes internationaux pour ces deux unités fondamentales : le mètre étalon et le kilogramme étalon.
Dans le droit fil de la Révolution française, Delambre et Méchain avaient fixé le mètre en 1791 par la mesure de la longueur du méridien terrestre entre Dunkerque et Barcelone.
En 1791, dans le droit fil de la Révolution française, les astronomes et mathématiciens Jean-Baptiste Delambre (1749-1822) et Pierre Méchain (1744-1804) furent chargés par l’Académie des Sciences de réaliser la mesure la plus précise possible du méridien terrestre. Pour ce faire, ils utilisèrent la méthode de triangulation plane et mesurèrent la longueur du méridien terrestre entre Dunkerque et Barcelone.
Aujourd’hui, le mètre se calcule à partir de la vitesse de la lumière.
Actuellement, le BIPM poursuit sa vocation de recherche fondamentale, de comparaison des étalons de mesures et de coopération scientifique pour l’unification mondiale des mesures.
Du système métrique au Système international d’unités (SI), il a été précurseur d’innovations scientifiques et techniques dans de nombreux domaines.
Le SI regroupe 7 unités de base : le kilogramme (masse), la seconde (temps), le mètre (longueur), le kelvin (température), l’ampère (intensité électrique), la mole (quantité de matière), et le candela (intensité lumineuse), dont dérivent toutes les autres mesures et unités pouvant s’appliquer à l’industrie, au commerce et à la science[3].
Rattachées à des constantes de la nature, ces mesures sont un langage universel abstrait par leur mode de calcul ; elles sont pourtant omniprésentes dans tous les actes de notre quotidien, grâce à des unités fiables et uniformes.
L’histoire du BIPM éclaire cette branche dynamique de la physique au cœur des grands enjeux contemporains : la métrologie (ou science des mesures).
S’appuyant sur de nombreux documents du BIPM, Céline Fellag Ariouet raconte cette aventure humaine méconnue, où se côtoient les Prix Nobel (Pieter Zeeman, Charles-Édouard Guillaume, Louis de Broglie, Pierre et Marie Curie, Albert Einstein, William D. Phillips…), les scientifiques (Camille Flammarion, Dimitri Mendeleïev, Hantaro Nagaoka, Katharine Gebbie…) et les techniciens, au service de la mesure[4].
Impressionnant !
PÉTRONE
Le Bureau international des Poids et mesures – 150 ans de mesures pour le monde / 150 Years of Measures for the World (ouvrage bilingue français-anglais) par Céline Fellag Ariouet, préface de Ken Adler, postface de Martin Milton, Paris, Éditions Gallimard, collection « Connaissance », mai 2025, 240 pp. en noir et blanc au format 19,5 x 25,5 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 29 € (prix France)
[1] Formée en histoire des sciences et des techniques à l’université de Lorraine (Nancy), elle est cheffe du service exécutif et réunions du Bureau international des poids et mesures à Sèvres.
[2] Pays fondateurs : l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la France, l’Italie, la Norvège, la Russie, la Suède, la Suisse et la Turquie. Par la suite, d’autres États ont signé la convention. Au XIXe siècle : le Portugal (en 1876), l’Argentine (1877), les États-Unis (1878), la Serbie (1879), le Venezuela (1879), la Roumanie (1884), le Royaume-Uni (1884), le Japon (1885), le Mexique (1890). Au XXe siècle : le Canada (1907), le Chili (1908), l’Uruguay (1908), la Bulgarie (1911), le Siam (1912), le Brésil (1921), la Tchécoslovaquie (1922), la Finlande (1923), la Hongrie (1925), l’Irlande (1925), la Pologne (1925), les Pays-Bas (1929), l’Australie (1947), la République dominicaine (1954), l’Inde (1957), la Corée du Sud (1959), l’Indonésie (1960), l’Égypte (1962), l’Afrique du Sud (1964), le Cameroun (1970), l’Iran (1975), le Pakistan (1973), la Chine (1977), la Corée du Nord (1982), Israël (1985), la Nouvelle-Zélande (1991), Singapour (1994). Au XXIe siècle : la Grèce (2001), la Malaisie (2001), la Serbie (2001), la Croatie (2008), le Kazakhstan (2008), l’Arabie saoudite (2011), Tunisie (2012), les Émirats arabes unis (2015), la Lituanie (2015), la Slovénie (2016), la Biélorussie (2020), l’Estonie (2021). États associés : Cuba (2000), l’Équateur (2000), Hong Kong (2000), la Lettonie (2001), Malte (2001), les Philippines (2002), Taïwan (2002), l’Ukraine (2002), la Jamaïque (2003), Panama (2003), le Viêt Nam (2003), le Costa Rica (2004), CARICOM – États de la Communauté caribéenne : (2005 : Antigua-et-Barbuda, Barbade, Belize, la Dominique, le Guyana, Grenade, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le Suriname, Trinité-et-Tobago), la Macédoine du Nord (2006), l’Albanie (2007), la Moldavie (2007), la Bolivie, la Géorgie (2008), le Ghana (2009), le Paraguay (2009), le Pérou (2009), le Bangladesh (2010), Maurice (2010), les Seychelles (2010), la Zambie (2010), le Zimbabwe (2010), la Bosnie-Herzégovine (2011), le Monténégro (2011), le Botswana (2012), la Namibie (2012), Oman (2012), la Syrie (2012), la Mongolie (2013), le Luxembourg (2014), le Soudan (2014), le Yémen (2014), l’Azerbaïdjan (2015), le Qatar (2016), Sri Lanka (2016).
[3] Becquerel, coulomb, degré Celsius, farad, gray, henry, hertz, joule, katal, lumen, lux, newton, ohm, pascal, radian, siemens, sievert, stéradian, tesla, volt, watt, et weber.
[4] Sources complémentaires : Béatrice Foti (Éditions Gallimard) et Wikipédia.