6 bandes dessinées de qualité…

Les Éditions Glénat à Grenoble sont particulièrement connues pour leur production de bandes dessinées de qualité. Voici l’argumentaire de six d’entre elles, parues récemment :

Une promesse d’indépendance

Le 19 mai 1514, le jeune François d’Angoulême, futur François 1er (1494-1547), épouse Claude de France (1499-1523), héritière du Duché de Bretagne.

Par ce mariage, le riche et puissant territoire perd son indépendance.

Chacun porte alors le deuil de la duchesse-reine Anne (1477-1514), morte quatre mois auparavant.

En réalité, c’est surtout l’enterrement d’une promesse faite par une petite fille à son père sur son lit de mort, 26 ans plus tôt : celle de ne jamais assujettir la Bretagne au royaume de France.

Intraitable, Anne a dû conquérir par la force et la diplomatie le trône ducal auquel elle n’avait pas droit du fait qu’elle était une femme. Mais, pour s’y maintenir, le mariage était nécessaire… y compris avec son pire ennemi.

Reine de France une première fois en 1491, à 14 ans, après son mariage avec le roi de France Charles VIII (1470-1498) et une deuxième fois en 1499, à 21 ans, après un second mariage avec le roi Louis XII (1462-1515), Anne de Bretagne résista aux pressions en assumant un véritable rôle de femme d’État, marquant l’Histoire bien plus que ses défunts époux royaux.

Quand elle décède en 1514, elle n’a pas encore 37 ans et la Bretagne n’est toujours pas intégrée au royaume de France.

Trois Bretons, Bertrand Galic, Gwendal Lemercier et Claire L’Hoër, font revivre la geste de cette duchesse-reine qui marqua son époque par sa résistance et s’imposa au fil du temps comme l’un des personnages les plus populaires de Bretagne, dont le destin contrarié aboutit au rattachement de son cher duché au royaume de France.

Fort Alamo, la victoire ou la mort !

Indépendant de l’Espagne depuis 1821, le Mexique, faute de ressources suffisantes pour mettre en valeur ses territoires situés au nord du Rio Grande, fit le choix d’ouvrir le Texas à la colonisation étrangère.

Plus de trente mille colons majoritairement originaires des États-Unis voisins s’installèrent dans ce nouvel eldorado, peu soumis à l’autorité lointaine et instable de Mexico.

Peu à peu, ils réclamèrent le droit à l’autodétermination et, à l’automne 1835, une lutte pour l’indépendance prit naissance.

Souhaitant défendre l’intégrité de son pays, le général mexicain Antonio López de Santa Anna y Pérez de Lebró (1794-1876) prit la tête d’un puissant corps expéditionnaire pour anéantir l’insurrection qui, sans armée, sans argent et sans gouvernement légal, semblait vouée à l’échec.

Les Texans décidèrent alors de défendre la ville de San Antonio, d’une grande valeur stratégique.

Commandés par le lieutenant-colonel William Travis (1809-1836) et l’aventurier Jim Bowie (1796-1836), bientôt rejoints par le célèbre pionnier et ancien congressiste du Tennessee Davy Crockett (1786-1836), près de cent soixante hommes se retranchèrent derrière les murs délabrés et hâtivement fortifiés de l’Álamo, une ancienne mission franciscaine aux abords de la ville de San Antonio.

Le 24 février 1836, l’arrivée des troupes mexicaines, plus de dix fois supérieures en nombre, prit la garnison du fort totalement au dépourvu…

Après leur défaite survenue le 6 mars 1836 à l’issue d’une résistance héroïque, les corps des Texans tués au combat furent empilés et brûlés.

La cruauté apparente de Santa Anna pendant la bataille poussa de nombreux colons et aventuriers américains à rejoindre l’armée texane.

Poussés par l’envie de prendre leur revanche, le 21 avril 1836, les Texans battirent l’armée mexicaine à la bataille de San Jacinto, un affrontement à l’issue duquel le général Santa Anna fut capturé, ce qui le contraignit à signer le 14 mai 1836 les traités de Velasco établissant l’indépendance du Texas.

Les treize jours du siège de Fort Alamo sont restés gravés dans la mémoire collective des Américains, incarnant autant une étape clé de la construction nationale des États-Unis qu’une leçon de courage, de solidarité et de résolution face à l’adversité.

Glorifié par le septième art[1], cet épisode dramatique fait aujourd’hui partie intégrante de la mythologie américaine et de la saga du Texas[2].

White only, l’histoire de la première championne de tennis noire

« Harlem, 1940. Enfant des quartiers pauvres, Althea Gibson (1927-2003) n’aime pas l’école. Elle préfère le tennis et veut prouver à son père qu’elle peut devenir une championne. Mais les grands tournois américains sont organisés par des Blancs et interdits aux Noirs. Althea ne changera pas de rêve. C’est le monde qui changera. »

En effet, douze ans avant Arthur Ashe (1943-1993) chez les hommes et plus de quarante ans avant les sœurs Venus (°1980) et Serena (°1981) Williams, dans une Amérique profondément marquée par la ségrégation raciale, elle fut la première Noire à remporter un titre du Grand Chelem[3], en 1956 à Roland-Garros, et à participer à l’US Women’s National Championship à Forest Hills, l’année suivante, une compétition qu’elle remporta.

En 1957 et 1958, elle rafla le doublé Wimbledon-Internationaux des États-Unis (précurseur de l’US Open) et fut élue deux fois « Athlète féminine de l’année » par l’Associated Press.

Althea Gibson compte aussi cinq titres du Grand Chelem en double dames, dont trois consécutifs à Wimbledon (1956-1958), ainsi qu’un titre en double mixte.

Au cours de sa carrière, elle a totalisé onze titres dans les tournois du grand Chelem.

Tumpie, l’enfance d’une vedette mondiale

Freda Josephine McDonald, dite Joséphine Baker, était une chanteuse, danseuse, actrice, meneuse de revue et résistante française d’origine américaine, née le 3 juin 1906 à Saint-Louis (Missouri, États-Unis) et morte le 12 avril 1975 à Paris (France).

Dans son enfance, on la surnommait Tumpie et elle grandit dans la misère. Elle fut élevée par une mère chanteuse dans une Amérique où la violence à l’encontre des Afro-Américains était omniprésente, et rien ne la prédestinait à conquérir le music-hall parisien dans les années 1920.

Enfant, elle quitta l’école et travailla comme domestique dans des familles aisées pour subvenir aux besoins de la fratrie. Malgré les mauvais traitements, la fillette affichait un tempérament solaire et un large sourire permanent. Elle improvisait des spectacles et n’avait qu’un seul rêve : devenir danseuse.

Mariée une première fois à 13 ans et une deuxième fois à 15 ans, elle partit ensuite en tournée avec une troupe itinérante. En 1922, elle gagna New York où elle se produisit notamment au Plantation Club., un tremplin pour Paris qu’elle a atteint en 1924.

En 1925, La Revue Nègre en a fait une vedette.

Pour la fillette du Missouri qui marchait hier encore pieds nus, le chemin du succès la mènera à sillonner le monde.

L’art dans toute sa puissance

Véritable esthète, le commissaire-priseur Hervé Poulain est également un passionné de vitesse et de course automobile. Jeune pilote amateur, il rêvait depuis toujours de participer aux 24 Heures du Mans et pensait ce rêve inaccessible… jusqu’au jour où il fit part à la direction de BMW Motorsport de son idée de promouvoir l’art en confiant l’habillage de voitures de course à des artistes contemporains.

Le constructeur allemand fut séduit par le projet et proposa de fournir une de ses 3.0 CSL à la condition qu’aucun autre sponsor ne soit présent sur la carrosserie et que BMW reste propriétaire de la voiture après la course. C’est ainsi qu’en 1975 est né le concept des « Art cars », avec une première voiture peinte par Alexander Calder qui fit sensation lors de l’épreuve mancelle.

Les années suivantes, Frank Stella, Roy Lichtenstein ou encore Andy Warhol succéderont à Calder et, même si aucune voiture ne monta sur le podium, cela reste une immense victoire pour Hervé Poulain qui a réussi son pari : associer la compétition, le design et l’art.

Véritables œuvres d’art roulantes, ces pièces uniques sont aujourd’hui conservées au Musée BMW à Munich.

Préfacé par Hervé Poulain, ce onzième album consacré aux 24 Heures du Mans en bande dessinée revient en 2024 sur un projet visionnaire l’année même où BMW fait son grand retour au Mans avec une nouvelle « Art Car » réalisée par l’artiste éthiopienne Julie Mehretu.

Jean Rondeau – David contre Goliath

Dans la mémoire de tous les aficionados du Mans, Jean Rondeau demeure « l’enfant du pays ».

C’était un pilote et constructeur automobile français, né le 13 mai 1946 au Mans (Sarthe) et mort percuté par un train le 27 décembre 1985 à Champagné (Sarthe).

Il est le seul à avoir remporté les « 24 Heures » (en 1980) au volant d’une auto portant son nom, la Rondeau M379, construite au Mans, par sa propre équipe, face à une armada de grands constructeurs (Porsche, Ferrari, BMW, Lancia, Lola, Chevrolet…).

La saga des Inaltera, puis des Automobiles Jean Rondeau fait aujourd’hui figure d’épopée antique et mythique, qu’aucun homme de la course ne peut raisonnablement espérer reproduire.

Pourtant, au-delà de l’exploit technique et sportif, cette histoire respire le romantisme, l’ambition, la détermination, la trahison, l’amour et la mort.

Tous les ingrédients de la tragédie antique sont là : la quête de la gloire, le triomphe, la chute et la mort.

Mais ici, c’est dans « la vraie vie », ce qui fait que ce récit est bien davantage qu’une simple histoire de course automobile[4]

PÉTRONE

Anne de Bretagne par Bertrand Galic, Gwendal Lemercier et Claire L’Hoër, Grenoble, Éditions Glénat et Paris, Éditions Fayard, mai 2025, 56 pp. en quadrichromie au format 24 x 32 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 14,95 € (prix France)

Fort Alamo par Mathieu Gabella, Paolo Martinello et Ronan Toulhoat, Grenoble, Éditions Glénat et Paris, Éditions Fayard, mai 2025, 56 pp. en quadrichromie au format 24 x 32 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 14,95 € (prix France)

White only par Julien Frey et Sylvain Dorange, conseils historiques de Farid Ameur, Grenoble, Éditions Glénat, février 2025, 152 pp. en quadrichromie au format 21,5 x 29,3 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 23,00 € (prix France)

Tumpie – La jeunesse tumultueuse de Joséphine Baker par Jean-Luc Cornette et Agnese Innocente, Grenoble, Éditions Glénat, collection « 1000 Feuilles », avril 2025, 127 pp. en quadrichromie au format 21,5 x 29,3 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 15,99 € (prix France)

24 heures du Mans 1975-1978 – L’art dans la course par Denis Bernard et Christian Papazoglakis, Grenoble, Éditions Glénat, collection « Plein Gaz », mai 2024, 48 pp. en quadrichromie au format 24 x 32 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 14,50 € (prix France)

24 heures du Mans 1979-1980 – L’enfant du pays par Pascal Dro et Christian Papazoglakis, Grenoble, Éditions Glénat, collection « Plein Gaz », mai 2025, 48 pp. en quadrichromie au format 24 x 32 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 14,50 € (prix France)


[1] L’Alamo a été illustré à de nombreuses reprises par le cinéma et la télévision. Le premier récit cinématographique de la bataille fut The Immortal Alamo de William F. Haddock en 1911. L’affrontement fut popularisé dans Davy Crockett at the Alamo, le 3épisode de la série télévisée Davy Crockett réalisé par Norman Foster en 1955. La même année, Frank Lloyd rappelait l’événement dans le film Quand le clairon sonnera. D’autres productions cinématographiques lui furent consacrées : The Immortal Alamo, film muet de Gaston Méliès (1911) ; Alamo de et avec John Wayne (1960) ; Alamo de John Lee Hancock (2004). Par ailleurs, de nombreux musiciens ont été inspirés par la bataille : La Ballade de Davy Crockett de Tennessee Ernie Ford (1919-1991) resta seize semaines au palmarès country américain en 1955. Marty Robbins (1925-1982) enregistra une version de la chanson The Ballad of the Alamo en 1960 qui resta treize semaines parmi les meilleures ventes. La chanson Remember the Alamo de Jane Bowers (1921-2000) fut reprise par de nombreux artistes dont Johnny Cash (1932-2003) et Donovan (°1946).

[2] Sources : éditions Glénat et Wikipédia.

[3] Au tennis, le Grand Chelem est le fait de remporter, la même année, les quatre tournois majeurs du circuit international organisés sous l’égide de la Fédération internationale de tennis. Ceux-ci sont ainsi appelés « tournois du Grand Chelem ». Ces quatre tournois sont : 1) l’Open d’Australie à Melbourne 2) les Internationaux de France de tennis (également appelés « Roland-Garros ») à Paris 3) le tournoi de Wimbledon à Londres 4) l’US Open à New York.

[4] Sources : Éditions Glénat et Wikipédia.

Date de publication
vendredi 23 mai 2025
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