L’effet de sert-à-rien

Au sceptique que je suis, les croyants angoissés par le GIEC, cette machine à broyer les scientifiques en fonctionnaires, me rétorquent souvent, le regard palpitant, pour le coup, de satisfaction : « Peu importe l’approximation ou non des prévisions, la prise de conscience écologique et le combat contre la pollution, voilà l’essentiel. »

Certes, mais pour gagner un combat, il s’agit avant toute chose de ne pas se gourer d’ennemi. Une évidence sur laquelle nos croyants semblent avoir fait une croix.

Ainsi, le 28 janvier dernier, on apprenait que le montant des réductions sur facture octroyées en 2010 par l’État belge, pour stimuler l’achat de voitures à faible émission de CO2, s’élève à 207,9 millions d’euros, soit une augmentation de 106% par rapport à 2009. Ce qui s’appelle —et c’est peu de le dire— flanquer un sacré paquet d’oseille par les fenêtres[1].

Car, au-delà de cette plaisanterie qui fait de l’écologie un argument pour vendre des bagnoles, il convient aux esprits qui ne voudraient pas s’éclairer qu’aux ampoules basse consommation de prendre conscience, en lisant Christian Gérondeau[2], que toute politique énergétique focalisée sur la réduction de la concentration de CO2 dans l’atmosphère est absolument I-NU-TI-LE.

L’argument est aussi limpide que de l’eau en bouteille : réchauffement climatique ou non, effet de serre ou non, —tôt ou tard— l’ensemble du carbone fossilisé sera utilisé par l’homme. Et ce n’est pas le milliard d’Indiens qui vous dira le contraire…

Tout ce pognon n’aurait-il pas alors été plus profitable, par exemple, à une politique de gestion des sols pollués que finissent par détruire les inondations ?

Lucidité quand tu nous étreins, l’agitation du monde, autour, a l’air vraiment con…

Même si le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas, il s’avère donc parfois nécessaire de s’extraire de ses humeurs de gourdes militantes pour s’attacher à l’intelligence, la vraie, la rude, l’aride, la sèche. Sous le soleil impitoyable de laquelle devrait crever le bois dont est fait la tête des idolâtres et autres nostalgiques du grand soir, recyclé dans les illusions cathodiques produites par Nicolas Hulot & Cie, ces augures d’une nouvelle humanité réconciliée avec la mère Gaïa.

Mais il est également vrai que si les idolâtres ont des oreilles, comme leurs idoles ils n’entendent pas raison et restent sourds par ailleurs aux leçons de l’Histoire.

Celle-ci nous chuchote pourtant que la rhétorique de « l’homme nouveau » n’a jamais servi qu’une seule chose : la domination de l’homme par l’homme…

Timon de Bruxelles


[1] En bois labellisé durable et triples vitrages, naturellement.

[2] CO2, un mythe planétaire par Christian Gérondeau, préface de Valéry Giscard d’Estaing, Paris, Éditions du Toucan, février 2009, 311 pp. sous couverture brochée en couleurs, 19,00 € (prix France)

Date de publication
mardi 8 février 2011
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