Nique la police politique !

Une nouvelle édition revue et augmentée de La police des écrivains par Bruno Fuligni vient de ressortir aux Éditions Horay à Paris, et c’est un pur bonheur !

Il s’agit d’une compilation de signalements de la maréchaussée relatifs à divers écrivains célèbres (Victor Hugo, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Jules Vallès, Ivan Tourgueniev, Alexandre Dumas fils, Paul Féval, Ernest Feydeau, Émile Zola, le chansonnier libertaire Gaston Couté, Colette & Willy, André Breton, Jacques Prévert, Boris Vian, Jean-Paul Sartre…) et de correspondances échangées parfois avec ceux-ci.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en matière de lettres, les pandores ont toujours eu le nez creux…

À propos de Victor Hugo, par exemple : « Fait sourire de pitié les gens sensés » ; ou d’Arthur Rimbaud : « Une monstruosité. Il a la mécanique des vers comme personne, seulement ses œuvres sont absolument inintelligibles et repoussantes » ; ou encore de l’enterrement de Jules Vallès : « L’ensemble du convoi était piteux, et les physionomies qu’on y remarquait peu faites pour rassurer les bourgeois qui les regardaient passer », la « floche » étant remportée par un rapport sur Paul Verlaine (décrit par ailleurs comme un « personnage sans valeur, dangereux par la fausseté de son caractère et la bassesse de ses sentiments ») :

La tolérance dont la loi, la magistrature et la police entourent la pédérastie, tolérance résultant de l’affaire Desquiens, engage les Messieurs de cette Caste qui étaient allés à l’étranger perpétrer leurs exercices, à rentrer en France.

Ainsi, M. Robert [sic] Verlaine, le poëte qui avait quitté Paris il y a 6 ans pour suivre en Belgique son am…i le poëte Rimbaud est rentré à Paris depuis quelques jours et se montre sans embarras au café de Madrid.

On me signale parmi les plus fervents adeptes de la “Rosette” un nommé Cabaner, musicien excentrique, compositeur toqué, qui doit taper du piano dans un café chantant, auprès des Invalides.

Quant au nommé Lequereau qui était jadis gérant du “Radical” de M. Mottu, il meurt d’épuisement et de folie par une pratique exagérée de la masturbation. C’est sa femme qui nous a fait cette confidence.

Pas à dire, quand les « godasses à clous » prennent la plume, elles mettent dans le mille !

PÉTRONE

La police des écrivains par Bruno Fuligni, Paris, Éditions Horay, collection « Cabinet de curiosité(s) », nouvelle édition revue et augmentée, [2006], mars 2011, 247 pp. en noir et blanc au format 16 x 16 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 18 € (prix France)

Date de publication
mardi 19 avril 2011
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