Un aristocrate des lettres

Lozérien aux pieds dans la glèbe, ancien officier de commandos qui combattit dans l’Armée française de libération durant la Seconde Guerre mondiale et en Corée avant de devenir correspondant de guerre du Paris Match de la grande époque, Prix Albert Londres 1955, Jean Lartéguy, le dernier centurion, à qui Hubert Le Roux a consacré sous ce titre une biographie publiée chez Tallandier à Paris, couvrit, de la Palestine à l’Indochine et au Viêt Nam, de l’Algérie aux différentes révolutions d’Amérique latine en passant par les soubresauts de la décolonisation en Afrique noire, la plupart des conflits qui secouèrent la planète et forgèrent ses opinions désenchantées sur l’âme humaine et l’avenir de l’Occident.

Remarquable narrateur, il connut la célébrité mondiale en 1966 quand Mark Robson adapta – fort librement – son roman Les Centurions (1960) dans un film à la distribution prestigieuse : Anthony Quinn, Alain Delon, George Segal, Michèle Morgan, Maurice Ronet, Claudia Cardinale, Maurice Sarfati, Grégoire Aslan, une œuvre cinématographique à succès qui connut une pérennité inattendue puisqu’elle est encore décortiquée aujourd’hui dans la plupart des académies militaires de la planète…

On lui doit aussi Les Mercenaires (1960), Les Prétoriens (1961) et Le Mal jaune (1962) faisant suite aux Centurions, ainsi qu’un grand nombre d’ouvrages passionnants parmi lesquels on épinglera notamment Les Chimères noires (1963), Enquête sur un crucifié (1973), L’Adieu à Saigon (1975), La Guerre nue (1976), Marco Polo espion de Venise (1984) ou encore Mourir pour Jérusalem (1995).

En 1972, sa Lettre ouverte aux bonnes femmes, dans laquelle il s’en prenait aux féministes, lui valut une solide réputation de machiste, tandis que sa profonde réserve cachée sous une grande faconde et son esprit véritablement aristocratique, celui de l’honneur, du courage et de l’aventure des armes, le firent traiter de hautain voire de mégalomane, quand ce n’était pas de fasciste, injure alors à la mode pour qualifier ceux qui n’étaient pas des « idiots utiles », comme disait Lénine s’agissant des alliés objectifs (pacifistes, libéraux de gauche, centristes, gauchistes…) du parti communiste.

C’est que notre homme, qui avait tout vu des maux du XXe siècle qu’il décrivit si bien… ne s’en laissait pas conter !

PÉTRONE

Jean Lartéguy, le dernier centurion par Hubert Le Roux, préface de Jacques Chancel, Paris, Éditions Tallandier, collection « Biographies », mars 2013, 347 pp. en noir et blanc (+ un cahier photo de 8 pp. en quadrichromie) au format 14,5 x 21,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 23,50 € (prix France)

Date de publication
lundi 3 juin 2013
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