Mélancolie, quand tu nous tiens…

Médecin et animateur infatigable des éditions du Taillis Pré depuis 1984, le poète belge Yves Namur (né en 1952), par ailleurs membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, a vu son recueil La tristesse du figuier se faire couronner du Prix Mallarmé 2012, et ce n’est que justice.

Parce que les textes qu’il recèle font montre, sous l’apparence de la simplicité, d’une grande maestria dans l’expression de sentiments subtils et d’interrogations existentielles lancinantes, paradoxalement lancées sur le ton de la douceur qui masque une douleur de vivre.

Et l’auteur de convoquer dans ses lignes le monde du quotidien, de la nature et des animaux pour en faire le miroir de son âme désenchantée et pourtant profondément ancrée dans la succession sans monotonie des heures de la vie.

Car « la poésie d’Yves Namur est [celle] d’un homme aux peines ordinaires, qui nous murmure qu’une lumière traverse la buée des jours », a écrit Éric Piette dans une recension bien sentie [1].

C’est parfaitement exact !

PÉTRONE

La tristesse du figuier par Yves Namur, Castellaredi-Casinca, Éditions Lettres vives, collection « Terre de poésie », avril 2012, 97 pp. en noir et blanc au format 14,8 x 22 cm sous couverture brochée en couleurs, 18 € (prix France)

Pour vous, nous avons recopié dans cet ouvrage sensible les deux poèmes suivants :

Demain, dis-tu, est un autre jour,

Mourir n’est pas une mince affaire

Et où vivre

Ne sera pas non plus chose facile.

Demain est tout simplement une autre histoire,

Où il n’y aura peut-être pas de place pour Dieu

Et ses amours,

Où regarder devant soi

Relèvera peut-être de l’exploit,

Où nous chercherons comme tous les hommes à savoir

Qui nous sommes ou qui nous devenons,

Où on dira peut-être

Ce que j’ai fait et comment je suis mort.

*************

Dans la tristesse du figuier

Vivent encore des hommes et des femmes

Qui ont l’âme ouverte et la vie

Déjà brûlée.

Ils sont là comme ces moutons sans berger,

Qui n’attendent plus rien, ni la vie

Ni la mort,

Ni même la terre qu’on leur a promise.

Tout au plus espèrent-ils aujourd’hui ne pas trop nous déranger.


[1] http://www.maisondelapoesie.be/chronique/chronique.php?id=372&print=1

Date de publication
mercredi 26 juin 2013
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