« Quand on n’aime pas trop, on n’aime pas assez. » (Roger de Bussy-Rabutin, 1618-1693)

Auteur d’une Anthologie de la poésie érotique française (Fayard, 2004), Jean-Paul Goujon a assuré l’édition de l’Œuvre érotique de Pierre Louÿs. Il est l’auteur de diverses biographies dont celles de Léon-Paul Fargue (Gallimard, 1997, Grand Prix de la biographie de l’Académie française) et de Pierre Louÿs (Fayard, 2002, prix Goncourt de la biographie).

Il a fait paraître aux Éditions Robert Laffont, dans la célèbre collection « Bouquins », une compilation de textes intitulée Le Grand Siècle déshabillé – Anthologie érotique du XVIIe siècle,

Voici ce qu’il en écrit :

« Loin d’être une époque solennelle et froide, le Grand Siècle se révèle, d’un bout à l’autre, comme ardemment érotique. Sans doute moins connu que le libertinage du siècle suivant, cet érotisme prend des formes multiples, parfois surprenantes, en s’affirmant comme une sorte d’antidote à tous les pouvoirs, moraux, politiques et religieux. La veine populaire s’exprime de façon explosive et hilarante dans les facéties, les « chansons folâtres », les « contes à rire », puis, sous la Fronde, les violentes mazarinades, tandis que les « chansons de cour » brocardent sans pitié les amours des courtisans.

On voit à cette même époque surgir les premiers grands textes érotiques de notre littérature : les Confessions de Bouchard, L’École des filles, Le Bordel des Muses de Le Petit. Les écrits d’ecclésiastiques montrent que l’Église elle-même n’échappe pas à ces hantises. Objets de scandale, le saphisme et l’homosexualité masculine sont présents aussi bien dans l’œuvre des poètes que dans les anecdotes relatées par les chroniqueurs ou les rapports de police.

Certaines obsessions, en particulier la scatologie, sont perçues et exaltées comme autant d’hérésies. Les multiples amours de Louis XIV témoignent que ce souverain, loin d’être une exception, exprimait parfaitement les goûts de son siècle tout enivré d’amour et de sensualité.

Nombre de textes ici rassemblés sont peu connus, sinon ignorés, et certains n’avaient même jamais été réédités. Ils sortent ainsi du purgatoire sans rien perdre de leur verve trouble et sulfureuse. »

Et franchement paillarde !

PÉTRONE

Le Grand Siècle déshabillé – Anthologie érotique du XVIIe siècle, édition établie, annotée et présentée par Jean-Paul Goujon, Paris, Éditions Robert Laffont, collection « Bouquins », mai 2017, 1024 pp. en noir et blanc au format 13,2 x 19,7 cm sous couverture brochée en couleurs, 30 € (prix France)

 

EXTRAITS (SOFTS) :

 

Salomon de Priezac, Sur un amant qui fit un pet en présence de sa maîtresse (1650)

Un jour chez Alidor, un galant malheureux

Faisant l’expression de son zèle amoureux,

Frappa d’un petit vent l’oreille de sa Dame :

Mais holà ! lui dit-il, qui s’en moque est un fou,

Car dans le désespoir et l’ardeur qui m’enflamme,

Pourvu que je soupire, il n’importe par où.

 

Le Cabinet satyrique (1618)

POUR ÉCRIRE SUR LE LUTH D’UNE DEMOISELLE. SONNET

 

Si votre main blanche et légère

Anime et donne au luth la voix,

Jugez ce qu’elle pourrait faire

D’un autre instrument que de bois.

 

Croyez, belle ménestrière,

Pendant que vous avez le choix,

Remuez un peu le derrière,

Et non pas si souvent les doigts.

 

Le luth pour un temps vous peut plaire,

Mais ce plaisir ne dure guère :

Il ennuie et lasse parfois ;

 

Mais un vit fait tout le contraire,

Car son entretien ordinaire

Fait que les ans semblent des mois.

ANONYME

Date de publication
mardi 10 avril 2018
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