8 bandes dessinées de qualité…

Éditrice généraliste, la maison Glénat à Grenoble est particulièrement connue pour sa production de bandes dessinées de qualité. Pour vous, nous en avons sélectionné huit parues récemment, dont nous vous proposons l’argument :

Dans Lino Ventura et l’œil de verre par Arnaud Le Gouëfflec et Stéphane Oiri, préfacé par Jean-Claude Carrière, Merlin, un journaliste, rencontre Lino Ventura dans le cadre d’un article. Fidèle à sa légendaire pudeur, celui qui s’est toujours considéré acteur par « accident » ne se livre pas facilement. Mais au fil de leurs entretiens, le colosse des Tontons flingueurs se dévoile, revenant sur sa carrière, ses débuts dans le catch, ses blessures, ses amitiés, ses brouilles, son rapport à la caméra – cet « œil de verre », comme il aimait à l’appeler –, sa rigueur intransigeante à choisir le bon scénario, pour finir par son engagement en faveur des enfants handicapés à travers l’association « Perce-Neige », toujours active de nos jours.

Doucement, une carapace se fêle et une personnalité se dessine. Celle, qu’il n’a jamais pu cacher malgré ses innombrables rôles, d’un personnage droit dans ses bottes et profondément humain. Acteur né, homme d’instinct et colosse au cœur d’or, Lino Ventura est probablement l’une des figures les plus populaires et les plus fascinantes du cinéma français, ayant collaboré avec les plus grands et dont on ne compte plus les chefs-d’œuvre.

Par le biais de cet entretien fictif, ce passionnant roman graphique nous replonge dans la carrière et la vie de cet acteur de légende et nous fait découvrir, sous le masque du comédien, la personnalité de l’homme.

Dans Sergio Leone par Noël Simsolo et Philan, nous voici en Espagne et en 1965, sur le plateau de Et pour quelques dollars de plus, où Sergio Leone, qui signe désormais ses films de son vrai nom, s’entretient avec un journaliste pour évoquer son parcours…

Fils de l’un des pionniers du cinéma italien, Sergio grandit dans l’Italie fasciste de Mussolini. C’est dans ce contexte trouble qu’il se passionne pour la littérature et le cinéma américains.

Au sortir de la guerre, il fait ses premières armes, devenant l’assistant des plus grands réalisateurs de son époque comme Orson Welles ou William Wyler (pour qui il réalise la mythique scène de course de chars dans Ben Hur). Lassé du péplum, il inaugurera malgré tout sa carrière de réalisateur avec Le Colosse de Rhodes, un film qui lui permet de se moquer insidieusement des codes d’un genre qu’il dénigre. Mais en le déconstruisant, il lui donne une nouvelle naissance.

À l’instar du western, à qui il offrira des années plus tard un nouveau souffle… et quelques-uns de ses plus grands chefs-d’œuvre.

Déjà auteur d’un livre d’entretien de référence avec le cinéaste, Noël Simsolo nous raconte en détail la vie et la carrière du mythique inventeur du western spaghetti, probablement l’un des cinéastes les plus cultes de tous les temps.

Alfred Hitchcock. Tome 1. L’homme de Londres par Noël Simsolo et Dominique Hé s’ouvre en 1960, époque où le film Psychose traumatise des spectateurs du monde entier. Jamais l’angoisse ni le suspense n’avaient été aussi bien mis en scène au cinéma.

Mais d’où vient le talent de cet Alfred Hitchcock [1], celui que l’on surnomme le « cinéaste de la peur » ?

Pour le savoir, il faut d’abord remonter à sa jeunesse, en Angleterre, pendant la première moitié du XXsiècle.

Ayant grandi dans une famille catholique – une originalité religieuse qui se ressentira dans une grande partie de son cinéma –, « Hitch » est un Anglais atypique qui, très tôt, a le goût de raconter des histoires.

La tentation de travailler pour le cinéma ne se fera pas attendre, d’abord comme graphiste aux studios Islington de Londres où son talent visuel l’amènera à faire ses débuts derrière la caméra, comme assistant puis comme meneur en scène complet.

Il y fera également la rencontre d’Alma Reville, son assistante et son épouse, qui l’accompagnera tout au long de sa carrière.

Paris, 1917. Mata Hari…

L’évocation de ce seul nom faisait aussitôt divaguer les esprits dans les alcôves sombres où séduction et intrigue sont les armes de mystérieuses vamps ayant mis leurs charmes au service des renseignements miltaires.

Mais qui était Mata Hari ?

Était-elle vraiment cette redoutable espionne à la solde de l’Allemagne ?

Ou une simple courtisane d’opérette dont la naïveté fut broyée sur l’autel de l’Histoire ?

Ce qui est sûr, c’est que ce pseudonyme dissimule le destin hors norme de Margaretha Zelle [2], ex-épouse MacLeod, raconté avec talent par Virginie Greiner et Olivier Roman dans Rendez-vous avec X. Mata Hari – Paris, 1917.

Lille, le 17 novembre 1936. Roger Salengro, ministre français de l’Intérieur, décide de mettre fin à ses jours, ne supportant plus les calomnies colportées à son égard.

Son successeur, le socialiste Marx Dormoy, qui accuse la droite de l’avoir poussé au suicide, décide de lancer une enquête.

Cherche-t-il des responsables ou des boucs émissaires ?

L’affaire du commissaire Mondanel s’avère très vite plus politique que judiciaire, et rejoint les traces de l’OSARN, une organisation secrète d’extrême droite autrement appelée La Cagoule [3]

Avec La Cagoule. Un fascisme à la française. Tome 1 – Bouc émissaire, Emmanuel Herzet, Vincent Brugeas et Damour nous replongent dans les années troubles de la IIIRépublique, à une période où l’assassinat politique faisait loi, et où le fascisme gangrenait l’Europe.

Un polar noir et cinématographique, quelque part entre Il était une fois en France et Les Incorruptibles, dans les sillons obscurs de l’Histoire, avec l’imminence de la Seconde Guerre mondiale pour toile de fond…

1755. Sébastien est un garçon jeune et chétif, sujet à de violentes crises d’épilepsie.

Toute sa famille est préoccupée par son état de santé fragile, peu compatible avec son esprit aventureux.

Alors que sa mère s’en inquiète auprès de la sublime comtesse de Senanges, celle-ci décide de le prendre sous son aile. D’une grâce et d’une intelligence redoutable, elle devient pour le jeune garçon qui ne connaissait des femmes que ses servantes, ses sœurs et sa mère, l’incarnation même de la féminité.

Elle lui apprend les codes de son monde, celui d’une aristocratie impitoyable, où jeux de masques, intrigues amoureuses et secrets d’alcôves sont loi.

Peu à peu, leur liaison évolue et Sébastien devient plus qu’un simple protégé…

Maintes fois adapté au cinéma, Les Liaisons dangereuses [4] de Pierre Choderlos de Laclos est un roman majeur du XVIIIsiècle et probablement l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française.

Mais comment le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil en sont-ils arrivés à devenir les personnages manipulateurs que nous connaissons tous ?

C’est ce qu’imaginent Stéphane Betbéder et Djief dans Liaisons dangereuses. Préliminaires. Tome 1 – De l’amour & de ses remèdes et dans Liaisons dangereuses. Préliminaires. Tome 2 – L’espoir et la vanité qui, respectant totalement la cohérence de l’œuvre, racontent la jeunesse des deux protagonistes : au commencement était l’amour. Puis vint la chair. Et le vice.

Entre passions et faux-semblants, un scénario ciselé nous replonge avec une force toute littéraire dans le monde cruel et feutré de la haute société libertine, auquel des dessins sensuels viennent apporter un supplément de beauté noire et de réalisme.

Paris. Septembre 2011. La justice française saisit avenue Foch à Paris plusieurs dizaines de véhicules de luxe appartenant à Téodorin Obiang Nguema, fils aîné du président de la Guinée Équatoriale.

C’est la première action concrète d’une enquête financière ouverte cinq ans auparavant. Une investigation tentaculaire qui a permis de mettre au jour l’incroyable fortune accumulée en France par plusieurs chefs d’États africains et leurs proches… avec la complicité de l’État français.

Dans L’argent fou de la Françafrique, Xavier Harel, journaliste et fin connaisseur des rouages de ladite Françafrique, nous fait découvrir les ramifications aussi scandaleuses que complexes de la fameuse affaire des « biens mal acquis ».

Il signe une enquête particulièrement documentée commencée quelques années plus tôt dans La Revue Dessinée avec le dessinateur Julien Solé.

Entre corruption, jeux de pouvoir, scandales pétroliers et financiers, il revisite les pages les plus sombres de la VRépublique : soixante ans d’une histoire qu’on a préféré vous faire oublier.

PÉTRONE

Lino Ventura et l’œil de verre par Arnaud Le Gouëfflec et Stéphane Oiri, préface de Jean-Claude Carrière, Grenoble, Éditions Glénat, collection « 9 ½ », avril 2019, 144 pp. en quadrichromie au format 20 x 26,5 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 22,50 € (prix France)

Sergio Leone par Noël Simsolo et Philan, Grenoble, Éditions Glénat, collection « 9 ½ », avril 2019, 184 pp. en quadrichromie au format 20 x 26,5 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 22,50 € (prix France)

Alfred Hitchcock. Tome 1. L’homme de Londres par Noël Simsolo et Dominique Hé, Grenoble, Éditions Glénat, collection « 9 ½ », octobre 2019, 152 pp. en quadrichromie au format 20 x 26,5 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 22,50 € (prix France)

Rendez-vous avec X. Mata Hari – Paris, 1917 par Virginie Greiner et Olivier Roman, Grenoble, Éditions Glénat et Comix Buro, octobre 2019, 54 pp. en quadrichromie au format 24 x 32 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 14,95 € (prix France)

La Cagoule. Un fascisme à la française. Tome 1 – Bouc émissaire par Vincent Brugeas, Emmanuel Herzet et Damour, Grenoble, Éditions Glénat, collection « 24×32 », octobre 2019, 64 pp. en quadrichromie au format 24 x 32 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 14,95 € (prix France)

Liaisons dangereuses. Préliminaires. Tome 1 – De l’amour & de ses remèdes par Stéphane Betbéder et Djief, Grenoble, Éditions Glénat, collection « 24×32 », octobre 2017, 56 pp. en quadrichromie au format 24 x 32 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 14,50 € (prix France)

Liaisons dangereuses. Préliminaires. Tome 2 – L’espoir et la vanité par Stéphane Betbéder et Djief, Grenoble, Éditions Glénat Québec, collection « 24×32 », février 2019, 64 pp. en quadrichromie au format 24 x 32 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 14,95 € (prix France)

L’argent fou de la Françafrique – L’affaire des biens mal acquis par Xavier Harel et Julien Solé, Éditions Glénat, novembre 2018, 96 pp. en quadrichromie au format 20 x 26,5 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 17,50 € (prix France)


[1] Sir Alfred Hitchcock est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma britannique né le 13 août 1899 à Leytonstone (Londres) et mort le 29 avril 1980 à Bel Air (Los Angeles).

[2] Margaretha Geertruida Zelle dite Grietje Zelle, connue sous le nom de Mata Hari, est une danseuse et courtisane néerlandaise, née le 7 août 1876 à Leeuwarden et morte le 15 octobre 1917 au polygone de tir de Vincennes, fusillée pour espionnage au profit de l’Allemagne pendant la Première Guerre mondiale à l’issue d’une enquête sommaire et d’un procès bâclé devant le conseil de guerre français.

[3] La Cagoule est une organisation politique et militaire clandestine de nature terroriste, fondée en 1935 par l’ingénieur polytechnicien Eugène Deloncle et par l’agitateur Jean Filiol. Originellement nommé Organisation secrète d’action révolutionnaire nationale (Osarn) par ses fondateurs, le groupe est plus connu sous le surnom « la Cagoule », sobriquet choisi par Maurice Pujo pour exprimer son dédain envers cette organisation fondée par des dissidents de l’Action française. D’extrême droite, anticommuniste, antisémite, antirépublicaine et proche du fascisme, la Cagoule commet plusieurs crimes de droit commun (assassinats, attentat à la bombe, sabotages et trafics d’armes). Parallèlement, elle tente une « intox » auprès de l’armée en ébruitant de fausses rumeurs relatives à une insurrection communiste. L’organisation est démantelée par la police en 1937-1938. Après la défaite et l’armistice de 1940, certains anciens « cagoulards » optent pour la Résistance intérieure ou la France libre, tels le colonel Groussard ou Maurice Duclos. D’autres se rallient au gouvernement de Vichy à l’instar de Joseph Darnand, chef opérationnel de la Milice française, engagé volontaire dans les Waffen-SS le 8 août 1943, ou deviennent des « ultras » parisiens de la collaboration, notamment Eugène Deloncle qui fonde le Mouvement social révolutionnaire. Les rapports entretenus à divers degrés avec d’anciens cagoulards par certains hommes d’affaires et hommes politiques français, tels le fondateur du groupe L’Oréal, Eugène Schueller, et le président de la République François Mitterrand, ont maintenu l’attention publique sur l’organisation après la Seconde Guerre mondiale. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Cagoule_(Osarn))

[4] Les Liaisons dangereuses, sous-titré Lettres recueillies dans une société et publiées pour l’instruction de quelques autres, est un roman épistolaire de 175 lettres, écrit par Pierre Choderlos de Laclos (Amiens, 1741 – Tarente, 1803) et publié en 1782. Il narre avec un talent remarquable les « exploits » du duo pervers de deux nobles manipulateurs, roués et libertins du siècle des Lumières, le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil.

Date de publication
samedi 28 décembre 2019
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