« Aucun coin de la terre n’a donné lieu, plus que Venise, à cette conspiration de l’enthousiasme. » (Guy de Maupassant)

Olympia Alberti (°Antibes, 1950) est une romancière, poétesse, essayiste, nouvelliste, critique et chroniqueuse littéraire, spécialiste de sémantique française et de sémiologie spirituelle (lecture des signes). Elle est docteure ès lettres en littérature comparée, spécialiste de Rilke, Colette, Giono, Virginia Woolf et Marguerite Duras. Elle anime aussi des ateliers d’écriture. Elle a été à deux reprises récompensée par l’Académie française, pour son œuvre poétique (1986) et critique (Giono le grand Western, 2001). Elle a également reçu le prix Thyde-Monnier de la Société des gens de lettres pour Rilke Sans Domicile Fixe (2000).

Elle a publié aux presses universitaires de France à Paris, dans la collection « Que sais-je ? », Les 100 mots de Venise, un abécédaire érudit de la Sérénissime expliquant notamment ce qu’est la vraie recette du spritz et ce que le carpaccio de bœuf doit au peintre Carpaccio, ce que sont le risi e bisi, les cichetti, les frittole et les nizioleti tout en conviant le lecteur à invoquer sur un lettino du grand hôtel Danieli les mânes de Byron et de Casanova, du Titien et de Véronèse, de Vivaldi et de Marco Polo, à apprendre les codes du carnaval et à reconnaître le son de la Marangona – la cloche la plus grave du campanile –, avant d’arpenter le Zattere (un des plus anciens quartiers de la ville) et de faire une balade sur les canaux en gondole ou en vaporetto.

Extrait :

FOURCHETTE

Du latin furca, « fourche ».

Si je glisse ici ce petit mot incongru, c’est que les spaghetti se savourent à la fourchette, et que celle-ci fut introduite en Italie en 1056 par une princesse byzantine, Theodora Doukas, qui avait épousé un doge, Domenico Salvo, et qui en avait assez de se salir les doigts. Il faudra beaucoup de temps (près de cinq siècles) avant que la fourchette ne se cantonne plus au rôle d’ustensile de cuisine – les inspirations civilisatrices sont longues à prendre – et vienne à la main du convive pour lui permettre d’abord de consommer des poires cuites, puis d’enrouler la petite pelote de pâtes et de la mener vivement à la bouche.

À Venise, elle ne servit longtemps qu’à manger les pâtes. Catherine de Médicis l’introduisit à la cour de France, mais Henri III surtout l’adopta, après un séjour à Venise. Jusqu’au XVIIsiècle, on mangeait avec les doigts, même si le service à table de Louis XIV faisait placer une fourchette à gauche de l’assiette de chaque convive, on ne s’en servait pas ou peu, le roi mangeant lui-même avec les doigts.

Straordinario, no ?

PÉTRONE

Les 100 mots de Venise par Olympia Alberti, Paris, Presses universitaires de France, collection « Que sais-je ? », mars 2018, 126 pp. en noir et blanc au format 11,5 x 17,6 cm sous couverture brochée en couleurs, 9 € (prix France)

Liste des 100 mots : Amour – Acqua Alta – Adriatique – Altana – Anges – Arsenal – Bacaro – Bellini (Vincenzo) – Biennale (La) – Blond vénitien – Bora – Byron – Ca’ d’OroCalleCampo – Canal et canaux – Capanna – Carnaval – (BautaVoltoLarvaTabarroÉventail) – Carpaccio (Vittore), carpaccio (en cuisine) – Cartes à jouer – Casanova – Casino – Choléra – CiacoleCiaoCicchettiCiocolattaCorteDanieliDarsena – Doges – Dopocena – Églises – Fenice (La) – Fêtes – FlorianFondamenta – – Fourchette – FrittoleFumaioli – Ghetto – Giudecca – Goldoni (Carlo) – Gondole – Grappa – Îles – Lagune – Lettino – Lion – Loggia – Luxe – Marangona – Marchand – Marché – Marco Polo – MarmorinoMerletto – Mort – MoscatelloMotoscafoMurrinaNizioletiOmbra – Ors – Palais des Doges (ou Palazzo Ducale) – Paline – Peintres vénitiens – (Le TitienLe TintoretVéronèseTiepoloCanaletto) – Peste – Piazza – Pigeons – Pilotis – Ponts – Porte de l’Orient – Prisons – QuadriRegata – Rire – Risi e bisi – Salute (La) – Scuola – Sérénissime – Sestiere – Spritz – Torcello – Vaporetto – Vieille duchesse – Vins de Vénétie – Vivaldi – Vogalonga – Zattere

Date de publication
mardi 27 octobre 2020
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