Tops et flops…

Journaliste et chroniqueur, Guillaume Dessaix travaille pour le magazine L’Usine Nouvelle dans lequel, chaque mois, il signe en dernière page la rubrique “Industry Story” qui fait brièvement, mais avec beaucoup de verve, le récit de grandes réussites et de lamentables plantages de célébrités ou d’inconnus.

Il a rassemblé 120 de ces textes, parus entre octobre 2016 et mars 2021, dans Amour, gloire et… ratés publié chez Buchet-Chastel à Paris.

On y voit Pierre et Marie Curie découvrant le radium et le polonium « dans une étable… un hangar à pommes de terre », selon l’expression du chimiste allemand Wilhelm Ostwald qui leur avait rendu visite.

On y apprend que le 1er juillet 1832, le commissaire Maigret de la police de Belleville arrêta un certain Prosper Enfantin, ingénieur polytechnicien et saint-simonien prônant l’amour libre, qui, par la suite, en septembre 1847, fonda la Société d’études du canal de Suez, entama les travaux et se fit doubler le 30 novembre 1854 par l’un de ses hommes de confiance, un certain Ferdinand de Lesseps…

Et que l’homme le plus veinard du monde est probablement un marin anglais, Arthur Priest, qui survécut à quatre naufrages – du Titanic en 1912, du SS Asturias en 1915, du Britannic et du SS Alcantara en 1916.

On y rit de savoir qu’en 1994, un laboratoire américain plancha pour l’US Air Force sur une bombe aux phéromones destinée à rendre homosexuelles les troupes ennemies en cas de conflit.

On y découvre pourquoi une certaine Ida Wilcox appela « Hollywood » son domaine de 600 000 mètres carrés des abords de Los Angeles qui fut vendu à la découpe.

Mais aussi comment un cordonnier allemand un brin bricoleur du nom d’Adi Dassler parvint à convaincre Jesse Owens de porter ses chaussures en cuir marron aux Jeux olympiques de Berlin en 1936, jeux durant lesquels l’athlète américain fut médaillé d’or au 100 mètres, au saut en longueur, au 200 mètres et au relais quatre fois 100 mètres. Adi Dassler était alors associé à son frère Rudi depuis 1923, mais ils se fâchèrent après la guerre, se séparèrent et fondèrent chacun leur entreprise de chaussures : Adidas et Ruda, bientôt rebaptisée Puma.

Ou que le docteur John Harvey Kellog, membre de la très rigoriste Église adventiste du septième jour, inventa avec son frère Will les corn flakes pour lutter contre la masturbation chez les adolescents (!). Que John se brouilla avec Will parce que celui-ci voulut ajouter du sucre à la recette. Et que par conséquent Will créa en 1906 sa propre société qui deviendra la Kellog’s Company.

Ce livre est un régal !

PÉTRONE

Amour, gloire et… ratés – Petites histoires de grandes réussites et d’immenses échecs par Guillaume Dessaix, Paris, Éditions Buchet-Chastel, mai 2021, 270 pp. en noir et blanc au format 14 x 20,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 17,90 € (prix France)

Date de publication
vendredi 21 mai 2021
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