Le François Villon de la peinture italienne…

Écrivain, historien d’art, ancien conservateur des Musées de France, homme de communication et sinologue français, Roger Frèches (°1950) est aussi un passionné de la vie et de l’œuvre de Michelangelo Merisi da Caravaggio (1571-1610), auquel il consacra en 1995 (avant une réimpression en 2012), dans la fameuse collection « Découvertes » des Éditions Gallimard, un remarquable petit essai intitulé Le Caravage – Peintre et assassin qui ressort à nouveau ces jours-ci sous une nouvelle couverture.

L’œuvre puissante et novatrice de ce peintre italien a révolutionné l’art pictural du XVIIsiècle par son caractère naturaliste, son réalisme parfois brutal et l’emploi appuyé de la technique du clair-obscur allant jusqu’au ténébrisme.

Ayant connu la célébrité de son vivant, il fut, en contraste avec la Renaissance, finissante et maniériste, le précurseur du réalisme en peinture et influença nombre de grands peintres après lui, premier d’une famille d’artistes qui, même si elle n’a pas été une école, a pris le nom de caravagisme[1].

Il remporta en effet un succès foudroyant au début des années 1600 en travaillant pour des protecteurs cultivés auprès de qui il obtint des commandes prestigieuses, si bien que des collectionneurs de très haut rang recherchèrent ses peintures.

Il entra ensuite dans une période difficile.

En 1606, après de nombreux démêlés avec la justice des États pontificaux (bagarreur, susceptible et violent, il connut plusieurs séjours en prison), Le Caravage blessa mortellement un adversaire au cours d’un duel. Il dut alors quitter Rome et passa le reste de sa vie en exil, à Naples, à Malte et en Sicile.

Jusqu’en 1610, l’année de sa mort à l’âge de 38 ans dans des conditions restées obscures, ses peintures furent en partie destinées à racheter cette faute.

En vain.

Garçon avec un panier de fruits (1593)

70 × 67 cm, Galerie Borghèse, Rome

Après une longue période d’oubli critique, il faut attendre le début du XXe siècle pour que le génie de Caravage soit pleinement reconnu, indépendamment de sa réputation sulfureuse.

Son succès populaire donne lieu à une multitude de romans et de films, à côté des expositions et des innombrables publications scientifiques qui, depuis un siècle, en renouvellent complètement l’image.

Ses œuvres sont actuellement présentées dans les plus grands musées du monde, malgré le nombre limité de peintures qui ont survécu.

Portrait d’Alof de Wignacourt, Grand Maître de l’Ordre de Malte (1607-1608)

195 × 134 cm, musée du Louvre, Paris

La légende du peintre voyou et maudit qui s’attache au Caravage trouve ses origines dans la vie tumultueuse de cet homme, prompt à dégainer l’épée, jusqu’à l’assassinat qui fit de lui un fugitif.

Mais il fut également un habile courtisan dans la Rome des années 1600, très vite peintre adulé des prélats et des princes.

PÉTRONE

Le Caravage – Peintre et assassin par Roger Frèches, Paris, Éditions Gallimard, collection « Découvertes », mai 2022 [1995, 2012], 160 pp. en quadrichromie au format 12,5 x 17,8 cm sous couverture brochée en couleurs, 14,70 € (prix France)


[1] Le caravagisme, ou école caravagesque, est un courant pictural de la première moitié du XVIIe siècle, apparu à la suite de l’œuvre du Caravage. Citons, parmi ses principaux membres, en Italie, Bartolomeo Manfredi (1580-1620), Orazio Gentileschi (1563-1639) et sa fille Artemisia (1593-1652). José de Ribera (1591-1652) et Battistello Caracciolo, dit Battistello (1578-1635), en France, Valentin de Boulogne, dit Le Valentin (1591-1632), Nicolas Tournier (1590-1639), Nicolas Régnier (1588-1667), Guy François (v. 1578-1650), Georges de La Tour (1593-1652), Simon Vouet (1590-1649) et Claude Vignon (1593-1670), en Hollande, Gerrit van Honthorst (1590-1656), Hendrick ter Brugghen (1588-1629) et Dirck Van Baburen (v. 1595-1624), en Flandre Pierre-Paul Rubens (1577-1640), Louis Finson (v. 1578-1617), Abraham Janssens (1575-1632), Theodore Rombouts (1597-1637), Gerard Seghers (1591-1651), Jan Cossiers (1600-1671), Adam de Coster (1586-1643), Jacques de l’Ange (? – ca 1650), Jan van Dalen (? – ca 1670) et Jacob van Oost (1603-1671) et Hendrick de Somer (1602-1655 ou 1656), et en Espagne, Pedro Orrente (1580-1645), Juan Bautista Maino (1581-1649), Pedro Núñez (v. 1614-1654), Francisco de Zurbarán (1598-1664), Francisco Ribalta (1551-1628), Juan Sánchez Cotán (1560-1627), Juan van der Hamen (1596-1631), ou encore José de Ribera (1591-1652). Source : Wikipédia.

Date de publication
mercredi 11 mai 2022
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