« Depuis qu’Amour cruel empoisonna / Premièrement de son feu ma poitrine… » (Louise Labé)

Louise Labé, aussi surnommée « Louise Labé Lyonnaise » et « la Belle Cordière », née vers 1524 à Lyon et morte le 25 avril 1566 à Parcieux-en-Dombes où elle fut enterrée, était une talentueuse poétesse française de la Renaissance que l’on a redécouverte au XIXsiècle.

Avec Maurice Scève (ca 1505-1569) et Pernette du Guillet (ca 1518- 1545), Louise Labé appartient au groupe dit de l’« école lyonnaise », bien que ces poètes n’aient jamais constitué une école au sens où la Pléiade en était une.

Ses Œuvres (imprimées à Lyon par Jean de Tournes en 1555), telles que republiées récemment chez Garnier Flammarion à Paris dans l’édition critique établie, notée et commentée par Michèle Clément, professeure de littérature française à l’Université Lyon 2 et spécialiste de la période du XVIsiècle, et par Michel Jourde, Maître de conférences en littérature française à l’École normale supérieure de Lyon, se composent d’une épître, d’un Débat de Folie et d’Amour, de trois élégies et de vingt-quatre sonnets portant sur l’amour éprouvé par les femmes ainsi que les tourments qu’il peut entraîner, et sont complétées d’un sonnet anonyme (Aux portes de Louise Labé), de nombreux écrits de divers poètes à la louange de Louise Labé Lyonnaise et d’un dossier pédagogique[1] d’une belle richesse.

L’occasion de (re)découvrir les textes particulièrement ardents d’une femme passionnée, par exemple le Sonnet VIII :

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;

J’ai chaud extrême en endurant froidure :

La vie m’est et trop molle et trop dure.

J’ai grands ennuis entremêlés de joie :

Tout à un coup[2] je ris et je larmoie,

Et en plaisir maint grief[3] tourment j’endure :

Mon bien s’en va, et à jamais il dure :

Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène :

Et, quand je pense avoir plus de douleur,

Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,

Et être au haut de mon désiré heur[4],

Il me remet en mon premier malheur.

Magnifique !

PÉTRONE

Œuvres de Louise Labé, édition de Michèle Clément et Michel Jourde, avant-propos de Natalie Zemon Davis, Paris, Éditions Garnier Flammarion, avril 2022, 404 pp. en noir et blanc au format 10,8 x 17,8 cm sous couverture brochée en couleurs, 7,40 € (prix France)


[1] Table des matières du dossier :

1. La fabrique des « Écrits de divers Poètes à la louange de Louise Labé Lyonnaise »

2. Qui a participé aux Œuvres de Louise Labé Lyonnaise ?

3. Dans l’atelier des sonnets : les sonnets II (Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés…) et III (Ô longs désirs, ô espérances vaines…)

4. Chronologie : Louise Labé à travers les archives

5. L’histoire du livre et de sa réception

[2] En même temps et brusquement.

[3] Pesant.

[4] Bonheur.

Date de publication
lundi 9 mai 2022
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