Exit Jean Dutourd (1920-2011)

(Photo Académie française)

Résistant authentique durant la Seconde Guerre mondiale (il n’y en eut pas tant que ça…), membre du Club des Ronchons, académicien français auteur de romans majeurs (Au bon beurre, 1952 [prix Interallié], Les horreurs de l’amour, 1963, Mémoires de Mary Watson, 1980), traducteur du fameux Le Vieil homme et la mer d’Ernest Hemingway, de Les Muses parlent de Truman Capote, de L’Œil d’Apollon de Gilbert Keith Chesterton, chroniqueur féroce des années Mitterrand (Le socialisme à tête de linotte, 1983, Le septennat des vaches maigres, 1984, La gauche la plus bête du monde, 1985, Journal des années de peste, 1997), mémorialiste et critique littéraire irrévérencieux (Les perles et les cochons , 2006, La grenade et le suppositoire, 2008), chroniqueur à France Soir, conseiller littéraire de Gaston Gallimard, membre éminent du département de langues et de littérature de l’Académie serbe (!) des sciences et des arts, sociétaire des Grosses Têtes de Philippe Bouvard, l’écrivain monarchiste Jean Dutourd, qui fut la cible d’un attentat à la bombe le 14 juillet 1978 (et s’est éteint le 17 janvier 2011 : il lui restait 33 ans à vivre, à l’instar de Jésus-Christ…), maniait la langue française –et l’humour décapant– avec une maestria ironique qui eût laissé pantois Voltaire, le duc de Saint-Simon, Chateaubriand, Stendhal… et Maurice Grevisse.

« Mourir, pour un jeune homme, c’est lui voler son avenir ; pour un vieillard, lui voler son passé », assurait-il avec un peu de tristesse. Mais il ajoutait aussitôt : « Il faut vivre vieux, et même très vieux, et même excessivement vieux. Ainsi, on a eu le plaisir, au fil des années, d’enterrer les gens qui se moquaient de vous ».

À l’en croire, mourir n’est finalement rien ou pas grand-chose, tandis que « tuer une œuvre d’art est plus grave que de tuer des hommes, car des hommes, on en refait tant qu’on veut… »

Mais pas des comme lui, hélas…

PÉTRONE

Date de publication
mercredi 19 janvier 2011
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