Pour en finir avec la morosité ambiante…

Rassemblant divers textes allumés du cinéaste-humoriste Woody Allen, le petit ouvrage intitulé Dieu, Shakespeare et moi suivi de Pour en finir une bonne fois pour toutes avec la culture paru jadis dans une version collector aux Éditions Points à Paris (mais dont le contenu est toujours disponible en format de poche chez le même éditeur) constitue une véritable pinte de bon sang pour qui aime l’humour juif déjanté, tout à la fois absurde, subtil et ahurissant.

Car comment ne pas s’effondrer de rire quand l’auteur présente sa Sélection du Allen’s Digest, quand il se penche sur Le génie irlandais, quand il propose un Guide pour l’amateur de ballets, quand il explique ce qui se serait passé Si les impressionnistes avaient été dentistes, quand il livre ses Manuscrits retrouvés dans une boîte de petits pois, quand il évoque Le bon vieux temps et quand il fournit ses recettes Pour en finir avec la critique freudienne, Pour en finir avec la Mafia, Pour en finir avec la biographie (en détaillant La vie d’un sandwich), Pour en finir avec la tradition judaïque, Pour en finir avec les régimes basses calories (via les Réflexions du suralimenté), Pour en finir avec les spectacles de mime (en prônant un conseil : Parlez un peu plus fort, s’il vous plaît), Pour en finir avec l’histoire des grandes découvertes humaines (grâce à La découverte de la fausse tache d’encre et son utilisation), entre autres.

Par exemple, quand il s’extasie devant le fait que « L’univers n’est jamais qu’une idée fugitive dans l’esprit de Dieu », il rectifie aussitôt le tir en ajoutant « pensée joliment inquiétante, pour peu que vous veniez d’acheter une maison à crédit ». Ou quand il implore le Ciel : « Mon Dieu, Mon Dieu ! Qu’as-Tu fait la semaine dernière ? ». Ou encore quand il constate que « les méchants ont sans doute compris quelque chose que les bons ignorent ».

Les réflexions philosophiques ne l’empêchent nullement de se livrer à des considérations pratiques. Ainsi, afin de rendre plus efficace l’aide aux démunis, il propose que soit créé un cours supplémentaire dans la formation des assistants sociaux, intitulé Comment reconnaître un Noir. À l’intention des étudiants, il détaille sa technique pour lire Les Frères Karamazov en quinze minutes. Et aux contestataires, il enseigne comment manifester assis.

Car il ne faut pas baisser les bras, en dépit de la dureté de la vie qui fait que « non seulement Dieu n’existe pas, mais essayez d’avoir un plombier le week-end ! ».

PÉTRONE

Dieu, Shakespeare et moi suivi de Pour en finir une bonne fois pour toutes avec la culture par Woody Allen, édition collector à tirage limité, Paris, Éditions Points, mai 2009, 362 pp. en noir et blanc au format 10,8 x 17,8 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 10,00 € (prix France)

Date de publication
mercredi 24 octobre 2012
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