Les chevaliers à la croix rouge…

Philosophe de formation, Arnaud de la Croix, né en 1959 à Bruxelles, a écrit de nombreux ouvrages autour du Moyen Âge, des ordres chevaleresques qui s’y sont développés et des légendes qui entourent ces derniers jusqu’à nos jours[1].

Il publie chez Racine à Bruxelles un essai remarquable intitulé Les templiers – Des croisades au bûcher dans lequel il fait la synthèse de quatre décennies de recherches sur un thème qui fait fantasmer nombre d’Occidentaux depuis des siècles.

Mais de quoi est-il question au juste ?

Les templiers ou pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon formaient un ordre militaire et religieux chrétien créé à l’occasion du concile de Troyes ouvert le 13 janvier 1129, dans le contexte de la guerre sainte et des croisades. Son but officiel était de protéger les pèlerins qui se rendaient à Jérusalem sur le tombeau de Jésus (le Saint-Sépulcre) contre les attaques des guerriers musulmans. Les templiers étaient à la fois des moines et des soldats, et l’ordre relevait directement de l’autorité du pape.

Les templiers disposaient de revenus considérables, provenant de multiples dons sous forme de terres, qui leur permettaient de financer leurs activités militaires au Proche-Orient. Ils géraient ces possessions d’une manière très efficace et lucrative en les regroupant en monastères improprement appelés commanderies. Grâce à sa présence en Europe et au Proche-Orient, l’Ordre servait de banquiers et prêtait de l’argent aux souverains européens engagés dans les croisades. En France, les templiers étaient aussi les gardiens du trésor royal.

Comme les autres guerriers chrétiens, les templiers furent chassés du Proche-Orient par les musulmans à la fin du XIIIsiècle, après une défaite consécutive au siège de Saint-Jean-d’Acre de 1291. La maîtrise de l’Ordre fut alors déplacée à Chypre.

En France, le fait que les templiers dépendaient du pape et non du roi les rendait suspects au pouvoir royal, en particulier sous Philippe IV le Bel qui tentait d’établir son pouvoir sans partage sur le royaume.

La richesse des templiers était convoitée par le roi toujours à court d’argent et Philippe le Bel accusa les templiers d’hérésie et de mœurs incompatibles avec leur état de moines. Il obtint du pape avignonnais Clément V que les templiers qui résidaient en France soient arrêtés (le 13 octobre 1307).

Soumis à la torture, la plupart avouèrent ce qui leur était reproché. Cinquante-quatre templiers, dont Jacques de Molay, le maître de l’Ordre, furent brûlés vifs en mars 1314.

L’ordre avait été dissous par le pape qui avait fulminé la bulle Vox in excelso en mars 1312, et les biens des templiers furent donnés aux hospitaliers et à divers autres ordres de moines-soldats.

Selon une légende inventée par le chroniqueur italien Paolo Emilio (Vérone, ca 1455 – Paris, 1529), Jacques de Molay aurait prononcé sur le bûcher une phrase devenue célèbre : « Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races ! ».

Légende qui inspira Maurice Druon (1918-2009) pour la rédaction des Rois maudits, roman historique en sept tomes publiés entre 1955 et 1977 et que l’adaptation télévisée en six épisodes réalisée par Claude Barma (1918-1992) avec l’acteur Jean Piat (1924-2018) fera connaître à un très large public.

Le fait est que Clément V et Philippe IV moururent tous les deux dans l’année 1314, et que les enfants de Philippe le Bel moururent dans les 12 années suivantes, ce qui mit fin à la lignée des Capétiens[2].

Outre sa très grande érudition et la fluidité de son expression, ce page-turner d’Arnaud de la Croix, qui fourmille d’informations, aborde l’histoire de l’Ordre d’une manière neuve et de grand intérêt, fondée sur l’esprit et la mentalité des croisades associant tout à la fois guerre et spiritualité, économie et religion, dans un monde « riche de signes sacrés, par lesquels Dieu se fait connaître, mais [par lesquels] le diable peut aussi se manifester ».

Captivant !

Bernard DELCORD

Les templiers – Des croisades au bûcher par Arnaud de la Croix, Bruxelles, Éditions Racine, octobre 2022, 163 pp. en noir et blanc + un cahier de 16 pp. en quadrichromie au format 16 x 24,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 25 €

TABLE DES MATIÈRES

Prologue

PREMIÈRE PARTIE – L’ASCENSION

I. – 27 novembre 1095, l’appel du pape

– 15 juillet 1099, la prise de Jérusalem

– 1118-1120, la fondation de l’ordre du Temple

II. – Vers 1130-1140, une lettre d’Hugues de Payns, le fondateur de l’ordre

– Avant 1136, Bernard de Clairvaux à la rescousse

– Ce que dit la règle du Temple, édictée en 1129 au concile de Troyes

– Vers 1135, une « nouvelle règle » du Temple ?

III. – 1146-1149, le rôle du Temple dans la deuxième croisade

– 1147-1148, l’abbé Suger et son correspondant Odon

– 1148-1152, Bernard de Clairvaux et la théorie des deux glaives

IV. – Du XIIe au XIVe siècle, les maisons du Temple

– Les commanderies

– Des établissements à la moralité douteuse ?

– Y a-t-il un art templier ?

V.- 1187, la catastrophique bataille de Hattin

– Vers 1180, la situation dans le camp chrétien

– Saladin

– 4 juillet 1187, le choc des armées

– Les suites de la bataille

– La relique de la Vraie Croix, une perte inestimable

VI. – 1189-1192, la troisième croisade et la prise d’Acre

– Vers 1200-1210, les templiers associés au saint Graal

VII. – 1202-1204, la quatrième croisade est détournée sur Constantinople

– Les rapports du Temple à l’argent

VIII. – 1209-1229, les templiers face aux cathares

– La croisade albigeoise

– Quelle est, dans ce contexte, l’attitude des templiers ?

IX. – 1228-1229, la singulière croisade de l’empereur Frédéric II

– Qui est l’empereur Frédéric de Hohenstaufen ?

X. – 1248- 1270, Saint Louis face au Temple

– 1248-1254, la septième croisade

– 1275, la huitième croisade

DEUXIÈME PARTIE LACHUTE

XI. – 1291, le dernier combat des templiers à Saint-Jean d’Acre

– 1282-1291, la fin des États latins

– 1291-1306, les templiers réfugiés à Chypre

– 1306-1307, Jacques de Molay en France

XII. – 1307-1312, le procès

– Les objectifs de Philippe le Bel et la culpabilité des templiers

– Le reniement du Christ

– 1307-1312, la suite du procès et les autres chefs d’accusation

TROISIÈME PARTIE – LA LÉGENDE

XIII. – 1314, la malédiction

XIV. – De 1307 à aujourd’hui, l’introuvable « trésor des templiers »

– De 1312 à nos jours, le destin des hospitaliers et des teutoniques, concurrents des templiers

– 1962, un best-seller inattendu

XV. – Au XVIIIe siècle, francs-maçons et templiers

– 1751, la maçonnerie templariste

XVI. – Résurgences aux XIXe et XXe siècles

– Au XIXe siècle

– Au XXe siècle

Épilogue

Liste chronologique des 23 maîtres de l’ordre du Temple

Bibliographie


[1] Notamment Sur les routes du Moyen Âge, Éditions du Rocher (1997), L’érotisme au Moyen Âge, Éditions Tallandier (1999), Arthur, Merlin et le Graal, un mythe revisité, Éditions du Rocher (2001), Les Templiers, au cœur des croisades, Éditions du Rocher (2002), L’Ordre du Temple et le reniement du Christ, Éditions du Rocher (2004), L’Âge des ténèbres : La christianisation de l’Occident, Labor (2006), Hildegarde de Bingen – La langue inconnue, Alphée (2008), L’École de la nuit : Introduction à la magie noire, Camion noir (2009), Les Illuminati – La réalité derrière le mythe, Éditions Racine (2014), Les Templiers, chevaliers du Christ ou hérétiques ?, Éditions Tallandier (2014), Treize Livres maudits, Éditions Racine (2016), 13 complots qui ont fait l’histoire, Éditions Racine (2018), Himmler et le Graal, Éditions Racine (2018), Le Pacte avec le diable, de saint Augustin à David Bowie, Éditions Racine (2019), Hergé occulte, la ligne sombre, Camion noir (2021), L’Alchimie, histoire et actualité, Éditions Jourdan/code 9 (2022)

[2] Source : V

Philosophe de formation, Arnaud de la Croix, né en 1959 à Bruxelles, a écrit de nombreux ouvrages autour du Moyen Âge, des ordres chevaleresques qui s’y sont développés et des légendes qui entourent ces derniers jusqu’à nos jours[1].

Il publie chez Racine à Bruxelles un essai remarquable intitulé Les templiers – Des croisades au bûcher dans lequel il fait la synthèse de quatre décennies de recherches sur un thème qui fait fantasmer nombre d’Occidentaux depuis des siècles.

Mais de quoi est-il question au juste ?

Les templiers ou pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon formaient un ordre militaire et religieux chrétien créé à l’occasion du concile de Troyes ouvert le 13 janvier 1129, dans le contexte de la guerre sainte et des croisades. Son but officiel était de protéger les pèlerins qui se rendaient à Jérusalem sur le tombeau de Jésus (le Saint-Sépulcre) contre les attaques des guerriers musulmans. Les templiers étaient à la fois des moines et des soldats, et l’ordre relevait directement de l’autorité du pape.

Les templiers disposaient de revenus considérables, provenant de multiples dons sous forme de terres, qui leur permettaient de financer leurs activités militaires au Proche-Orient. Ils géraient ces possessions d’une manière très efficace et lucrative en les regroupant en monastères improprement appelés commanderies. Grâce à sa présence en Europe et au Proche-Orient, l’Ordre servait de banquiers et prêtait de l’argent aux souverains européens engagés dans les croisades. En France, les templiers étaient aussi les gardiens du trésor royal.

Comme les autres guerriers chrétiens, les templiers furent chassés du Proche-Orient par les musulmans à la fin du XIIIsiècle, après une défaite consécutive au siège de Saint-Jean-d’Acre de 1291. La maîtrise de l’Ordre fut alors déplacée à Chypre.

En France, le fait que les templiers dépendaient du pape et non du roi les rendait suspects au pouvoir royal, en particulier sous Philippe IV le Bel qui tentait d’établir son pouvoir sans partage sur le royaume.

La richesse des templiers était convoitée par le roi toujours à court d’argent et Philippe le Bel accusa les templiers d’hérésie et de mœurs incompatibles avec leur état de moines. Il obtint du pape avignonnais Clément V que les templiers qui résidaient en France soient arrêtés (le 13 octobre 1307).

Soumis à la torture, la plupart avouèrent ce qui leur était reproché. Cinquante-quatre templiers, dont Jacques de Molay, le maître de l’Ordre, furent brûlés vifs en mars 1314.

L’ordre avait été dissous par le pape qui avait fulminé la bulle Vox in excelso en mars 1312, et les biens des templiers furent donnés aux hospitaliers et à divers autres ordres de moines-soldats.

Selon une légende inventée par le chroniqueur italien Paolo Emilio (Vérone, ca 1455 – Paris, 1529), Jacques de Molay aurait prononcé sur le bûcher une phrase devenue célèbre : « Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races ! ».

Légende qui inspira Maurice Druon (1918-2009) pour la rédaction des Rois maudits, roman historique en sept tomes publiés entre 1955 et 1977 et que l’adaptation télévisée en six épisodes réalisée par Claude Barma (1918-1992) avec l’acteur Jean Piat (1924-2018) fera connaître à un très large public.

Le fait est que Clément V et Philippe IV moururent tous les deux dans l’année 1314, et que les enfants de Philippe le Bel moururent dans les 12 années suivantes, ce qui mit fin à la lignée des Capétiens[2].

Outre sa très grande érudition et la fluidité de son expression, ce page-turner d’Arnaud de la Croix, qui fourmille d’informations, aborde l’histoire de l’Ordre d’une manière neuve et de grand intérêt, fondée sur l’esprit et la mentalité des croisades associant tout à la fois guerre et spiritualité, économie et religion, dans un monde « riche de signes sacrés, par lesquels Dieu se fait connaître, mais [par lesquels] le diable peut aussi se manifester ».

Captivant !

PÉTRONE

Les templiers – Des croisades au bûcher par Arnaud de la Croix, Bruxelles, Éditions Racine, octobre 2022, 163 pp. en noir et blanc + un cahier de 16 pp. en quadrichromie au format 16 x 24,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 25 €

TABLE DES MATIÈRES

Prologue

PREMIÈRE PARTIE – L’ASCENSION

I. – 27 novembre 1095, l’appel du pape

– 15 juillet 1099, la prise de Jérusalem

– 1118-1120, la fondation de l’ordre du Temple

II. – Vers 1130-1140, une lettre d’Hugues de Payns, le fondateur de l’ordre

– Avant 1136, Bernard de Clairvaux à la rescousse

– Ce que dit la règle du Temple, édictée en 1129 au concile de Troyes

– Vers 1135, une « nouvelle règle » du Temple ?

III. – 1146-1149, le rôle du Temple dans la deuxième croisade

– 1147-1148, l’abbé Suger et son correspondant Odon

– 1148-1152, Bernard de Clairvaux et la théorie des deux glaives

IV. – Du XIIe au XIVe siècle, les maisons du Temple

– Les commanderies

– Des établissements à la moralité douteuse ?

– Y a-t-il un art templier ?

V.- 1187, la catastrophique bataille de Hattin

– Vers 1180, la situation dans le camp chrétien

– Saladin

– 4 juillet 1187, le choc des armées

– Les suites de la bataille

– La relique de la Vraie Croix, une perte inestimable

VI. – 1189-1192, la troisième croisade et la prise d’Acre

– Vers 1200-1210, les templiers associés au saint Graal

VII. – 1202-1204, la quatrième croisade est détournée sur Constantinople

– Les rapports du Temple à l’argent

VIII. – 1209-1229, les templiers face aux cathares

– La croisade albigeoise

– Quelle est, dans ce contexte, l’attitude des templiers ?

IX. – 1228-1229, la singulière croisade de l’empereur Frédéric II

– Qui est l’empereur Frédéric de Hohenstaufen ?

X. – 1248- 1270, Saint Louis face au Temple

– 1248-1254, la septième croisade

– 1275, la huitième croisade

DEUXIÈME PARTIE LA CHUTE

XI. – 1291, le dernier combat des templiers à Saint-Jean d’Acre

– 1282-1291, la fin des États latins

– 1291-1306, les templiers réfugiés à Chypre

– 1306-1307, Jacques de Molay en France

XII. – 1307-1312, le procès

– Les objectifs de Philippe le Bel et la culpabilité des templiers

– Le reniement du Christ

– 1307-1312, la suite du procès et les autres chefs d’accusation

TROISIÈME PARTIE – LA LÉGENDE

XIII. – 1314, la malédiction

XIV. – De 1307 à aujourd’hui, l’introuvable « trésor des templiers »

– De 1312 à nos jours, le destin des hospitaliers et des teutoniques, concurrents des templiers

– 1962, un best-seller inattendu

XV. – Au XVIIIe siècle, francs-maçons et templiers

– 1751, la maçonnerie templariste

XVI. – Résurgences aux XIXe et XXe siècles

– Au XIXe siècle

– Au XXe siècle

Épilogue

Liste chronologique des 23 maîtres de l’ordre du Temple

Bibliographie


[1] Notamment Sur les routes du Moyen Âge, Éditions du Rocher (1997), L’érotisme au Moyen Âge, Éditions Tallandier (1999), Arthur, Merlin et le Graal, un mythe revisité, Éditions du Rocher (2001), Les Templiers, au cœur des croisades, Éditions du Rocher (2002), L’Ordre du Temple et le reniement du Christ, Éditions du Rocher (2004), L’Âge des ténèbres : La christianisation de l’Occident, Labor (2006), Hildegarde de Bingen – La langue inconnue, Alphée (2008), L’École de la nuit : Introduction à la magie noire, Camion noir (2009), Les Illuminati – La réalité derrière le mythe, Éditions Racine (2014), Les Templiers, chevaliers du Christ ou hérétiques ?, Éditions Tallandier (2014), Treize Livres maudits, Éditions Racine (2016), 13 complots qui ont fait l’histoire, Éditions Racine (2018), Himmler et le Graal, Éditions Racine (2018), Le Pacte avec le diable, de saint Augustin à David Bowie, Éditions Racine (2019), Hergé occulte, la ligne sombre, Camion noir (2021), L’Alchimie, histoire et actualité, Éditions Jourdan/code 9 (2022)

[2] Source : Vikidia.

ikidia.

Date de publication
samedi 15 octobre 2022
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